La sardine, star inaccessible du ramadan algérien ?
Confrontée à une hausse du prix de la sardine, l’Algérie a décidé de favoriser les importations, de Tunisie ou d’ailleurs, pour réguler le marché.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 20 mars 2024 Lecture : 2 minutes.
Pour les nutritionnistes 2.0, la sardine, sous-estimée, serait le poisson à privilégier, sa position en bas de la chaîne alimentaire la mettant largement à l’abri de la contamination, en cascade, aux polluants de la planète souffreteuse. « Bonne idée », s’exclament les hypocondriaques notamment maghrébins qui connaissent la réputation de « poisson du pauvre » du membre de la famille des Alosidae…
Hélas, en Algérie, en cette période d’inflation généralisée et de besoins spécifiquement accrus – en plein jeûne et surconsommation du mois de ramadan –, la sardine semble devenue un produit de luxe, quasiment au même titre que les crustacés. Sur les marchés, le prix du kilogramme de ce produit de grande consommation atteint 1 500 dinars, soit trois à quatre fois le tarif d’il y a quelques mois. Tempête sur les sardines bel dersa ou farcies à la chermoula…
Casser les prix
Comme il a eu à le faire sur le marché de la viande, le gouvernement a décidé d’éteindre l’incendie tarifaire en favorisant l’importation de la sardine. Objectif ? Alimenter le marché pour casser les prix…
Le poisson bleuté tunisien est déjà présent sur les marchés algériens de province, à un prix défiant toute concurrence locale. 10 tonnes de cette sardine fraîche et propice à la conservation auraient déjà été importées par des opérateurs économiques de Constantine et réparties dans l’est du territoire, à Skikda, Sétif ou encore Batna.
Selon le quotidien algérien El Khabar, le ministère de la Pêche et des Productions halieutiques étudierait de nouvelles demandes d’importation de plusieurs produits de la mer – pas seulement la sardine –, également en provenance de Mauritanie.
La production algérienne en berne
Les inquiétudes du marché ne seraient pas seulement liées à la spéculation inhérente à une surconsommation de la sardine, mais également à des fluctuations météorologiques et des évolutions des courants marins qui pénaliseraient la pêche algérienne. La production nationale diminuerait ainsi d’année en année.
Dans l’immédiat, en continuant à susciter les importations, le gouvernement mise sur une stabilisation des prix particulièrement espérée en période de mois saint. Il espère que le niveau de la pêche algérienne s’améliorera et que le marché se régulera naturellement, à partir du mois d’avril…
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