Affaire Sudatel : jugement le 16 novembre
Le tribunal de Dakar rendra son jugement le 16 novembre dans le procès qui oppose Abdou Latif Coulibaly et Thierno Ousmane Sy, un conseiller du président sénégalais Abdoulaye Wade, qui accuse le journaliste de diffamation dans des articles dénonçant une affaire de corruption dans le domaine des télécoms.
L’hebdomadaire La Gazette, dirigé par M. Coulibaly, avait affirmé que "des étrangers en association avec des nationaux très haut placés dans les structures de l’Etat s’étaient partagé 40 millions de dollars" de commissions, en 2007, dans le cadre de la vente d’une licence de téléphonie au groupe soudanais Sudatel.
Puis La gazette avait annoncé, en une, que Thierno Ousmane Sy, conseiller du chef de l’Etat pour les Technologies de l’information et de la communication (TIC), était parmi les Sénégalais "identifiés comme étant au centre du scandale".
Abdou Latif Coulibaly – par ailleurs auteur de plusieurs livres d’enquêtes très critiques envers la gestion du président Wade et de son fils Karim, ministre – a comparu mardi en même temps que deux autres reporters de La gazette, dans une salle comble du tribunal correctionnel, où de nombreuses personnalités de la presse et de l’opposition étaient venues le soutenir.
Le bouillonnant avocat du plaignant, Me El Hadji Diouf, a beaucoup insisté sur l’idée qu’il n’avait pas été prouvé que son client, M. Sy, avait bénéficié du versement d’une commission. "Où? Quand? Comment? Dans quel compte?", a-t-il maintes fois demandé.
Mais, un des cinq défenseurs des journalistes, Me Mame Adama Guèye, a fait valoir que "nulle part il n’avait été dit "M. Sy a volé". Il a été écrit qu’il était au coeur du scandale, au centre d’un contexte frauduleux".
Et l’avocat français William Bourdon a demandé la relaxe en plaidant que "sinon, aucun autre journaliste en Afrique francophone n’aurait l’audace d’enquêter sur une affaire de corruption".
L’e-mail au coeur du scandale
A la sortie du tribunal, Thierno Ousmane Sy – fils du nouveau ministre de la Justice, Cheikh Tidiane Sy, nommé en juin – s’est félicité d’avoir porté plainte: "ils (les journalistes jugés) ont dit qu’ils n’avaient jamais affirmé que j’avais touché des commissions. Ce qu’ils appellent un scandale, c’est que je puisse avoir été récipiendaire d’un e-mail".
Une partie des débats avaient tourné autour d’un e-mail très embarrassant, que M. Sy a bien admis avoir reçu, en copie. Dans ce message adressé au directeur de Sudatel, un Sénégalais dénommé Keba Keinde, directeur d’une société offshore basée à Dubaï, réclamait une commission de 10 millions de dollars.
"Félicitations pour la clôture du projet sénégalais. Conformément à notre accord, il vous est demandé de payer immédiatement notre facture de 10 millions de dollars à notre collègue à Dubaï", stipulait ce courrier que La gazette avait publié.
De son côté, M. Coulibaly a déclaré après l’audience: l’affaire Sudatel "dépasse la personne de M. Sy. Nous posons une question de gouvernance d’Etat. Malgré les dénégations et mensonges, le procès a révélé qu’on organisait la fraude autour de faux contrats, c’est incontestable".
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