À Yamoussoukro, les Ivoiriens prient pour la paix

La célébration des vingt ans de la basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro a attiré plus de 7 000 fidèles, dont le président Laurent Gbagbo. Principale objet des prières : le retour d’une paix durable.

Le cardinal Arinze dirige une messe lors du 20e anniversaire de la basilique. © AFP

Le cardinal Arinze dirige une messe lors du 20e anniversaire de la basilique. © AFP

Publié le 13 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

« Nous voulons la paix ! », lance un fidèle. La basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro n’a jamais aussi bien porté son nom : 20 ans après sa consécration, des Ivoiriens ont prié dimanche pour que leur pays sorte de la grave crise politique qu’il traverse depuis 2002.

Sous un ciel couvert et une pluie fine, plus de 7 000 fidèles ont convergé vers l’imposant édifice qui domine la capitale politique.

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Bâtie au milieu de la savane par la volonté du « père de la nation » Félix Houphouët-Boigny (1960-1993), cette quasi-réplique de Saint-Pierre de Rome avait été consacrée le 10 septembre 1990 par le pape Jean Paul II.

« La basilique a 20 ans, c’est bien, mais nous voulons la paix, la joie dans notre pays », explique Jean, un habitant de 25 ans.

Julie Kouadio, qui propose ses poissons braisés au bord d’une rue, formule le même voeu : « Que la paix règne en Côte d’Ivoire. »

Le pays a connu la guerre et une longue crise après le putsch manqué de 2002, qui l’a coupé en un nord ex-rebelle et un sud loyaliste. Un scrutin présidentiel est attendu pour le 31 octobre, après de multiples reports depuis 2005.

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Le président Laurent Gbagbo, pendant la messe célébrée par le cardinal Arinze.
©AFP

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Pour son jubilé, la basilique érigée sur un terrain de 130 hectares et offerte au Vatican a fait sa plus belle toilette. Parvis et sanctuaire ont été ornés aux couleurs jaune-blanc du Vatican.

Sur quelque 20 millions d’habitants dans le pays, les chrétiens représenteraient environ 40% (dont plus de la moitié de catholiques), pour 40% de musulmans et 20% d’animistes.

Le message d’Houphouët

Houphouët-Boigny "voulait que ce sanctuaire soit pour le monde entier, et particulièrement pour le peuple de Côte d’Ivoire, un signe, un appel à la paix", a souligné le père polonais Stanislaw Skuza, recteur de la basilique, durant la messe clôturant trois jours de célébration.

Le religieux a appelé les Ivoiriens à "se tendre la main" pour "aller aux élections sans passion, mais plutôt dans la fraternité". "Que cette célébration nous amène vers une paix définitive et totale", a-t-il exhorté, sous les yeux du président Laurent Gbagbo.

Le même message a été lancé par l’envoyé du pape Benoit XVI, le cardinal nigérian Francis Arinze.

Décriée il y a 20 ans – on critiquait l’opportunité de la construction et son coût -, la basilique ne fait plus débat.

Elle favorise même les affaires. Les marchands se sont pressés pour proposer objets religieux et T-shirts à l’effigie du monument. Un concessionnaire automobile interpellait même les fidèles pour vanter ses véhicules.

La "Sodertour-Lacs", société d’Etat chargée de promouvoir le tourisme dans la région, a signé récemment une convention avec les responsables de la basilique pour valoriser ce "produit touristique".

"Avec la basilique, le tourisme va connaître un développement dans la région", assure à l’AFP le père Skuza.

"On dit de l’Egypte qu’elle est un don du Nil. Yamoussoukro est un don de la basilique", avance Alassane, musulman de confession, qui se dit "impressionné" par l’édifice, le plus important sanctuaire chrétien d’Afrique.

Pour lui, la basilique et sa coupole qui culmine encore plus haut que Saint-Pierre de Rome, à 149 m, ont permis d’"éterniser" le village natal d’Houphouët-Boigny, devenu capitale en 1983.

Mais, jubilé ou non, "Yakro", comme la surnomment les Ivoiriens, gardait dimanche son air de ville perdue dans un décor immense et traversée d’avenues gigantesques et clairsemées.

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