En Centrafrique, un an de prison requis contre l’opposant Crépin Mboli-Goumba
Le coordinateur de la principale plateforme de l’opposition centrafricaine est jugé à Bangui pour « diffamation » et « outrage à magistrat ».
« Je vous demande de le condamner à douze mois d’emprisonnement et pour réparation, de verser à chaque partie civile une somme de 125 millions de francs CFA » (près de 191 000 euros) pour chacun des quatre magistrats concernés par l’affaire, a déclaré mercredi 20 mars le procureur, en clôture de l’audience dans un tribunal de Bangui.
Manifestement affaibli, Crépin Mboli-Goumba, avocat de profession, a choisi lors de cette première journée de procès de se défendre seul, dénonçant les conditions « illégales » de son arrestation, sans toutefois répondre aux questions du ministère public. « Je ne répondrai plus à aucune question et j’attends ma condamnation. Je ne veux pas légaliser l’illégal », a-t-il affirmé devant la cour lors d’une brève prise de parole. Le verdict est attendu le 27 mars.
Il avait dénoncé des faits de corruption
Président du Parti africain pour une transformation radicale et l’intégration des États (Patrie) et coordinateur du Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC), la plus importante plateforme de l’opposition, il avait été arrêté début mars à l’aéroport de Bangui à bord d’un avion de ligne qui s’apprêtait à décoller pour le Cameroun.
Il avait par la suite été placé trois jours en garde à vue. Le parquet avait alors justifié l’arrestation par des propos tenus le 20 février lors d’une conférence de presse de Patrie et « susceptibles d’être qualifiés de diffamation et d’outrage à magistrats ». Ce jour-là, Me Mboli-Goumba avait notamment accusé certains magistrats de complaisance à l’égard d’accusés voire d’être corrompus, propos qu’il avait répété le lendemain dans une interview à Radio France internationale (RFI), reprochant à « la justice de ne plus être rendue au nom du peuple ».
L’opposition, dont les meetings et manifestations sont quasi-systématiquement interdits, fait aussi régulièrement l’objet de menaces et d’intimidations, dénoncent régulièrement les ONG internationales. Dominique Yandocka, député de l’opposition, est emprisonné depuis le 15 décembre, malgré son immunité parlementaire, pour une « tentative de coup d’État » que l’accusation n’a toujours pas étayée publiquement.
(Avec AFP)
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