Attentat contre Habyarimana : les juges français à Kigali

Les juges français chargés de l’enquête sur l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana en 1994 arrivent au Rwanda samedi pour tenter d’éclaircir les conditions dans lesquelles l’appareil présidentiel a été abattu.

L’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana le 7 octobre 1982 à Kigali. © AFP

L’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana le 7 octobre 1982 à Kigali. © AFP

Publié le 11 septembre 2010 Lecture : 2 minutes.

L’enquête sur l’attentat du 6 avril 1994, considéré comme le signal déclencheur du génocide qui fit 800.000 morts selon l’ONU, essentiellement parmi la minorité tutsie, avait conduit Kigali à rompre ses relations avec Paris en novembre 2006 après l’émission de mandats d’arrêt contre neuf proches de l’actuel président Paul Kagame.

Près de quatre ans plus tard, si les enquêteurs français soupçonnent toujours la rébellion tutsie du FPR, alors dirigée M. Kagame, d’être à l’origine de l’attentat, les relations ont été rétablies et une détente s’est esquissée entre les deux pays.

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Profitant de cette amélioration, les juges antiterroristes Marc Trévidic et Nathalie Poux seront à partir de samedi à Kigali afin de déterminer les conditions dans lesquelles le Falcon 50 qui transportait les présidents rwandais et burundais a été abattu alors qu’il s’apprêtait à atterrir à l’aéroport international de Kigali. Leur séjour doit durer une semaine, selon des sources proches du dossier.

D’où venaient les tirs ?

L’origine des tirs est au coeur de l’enquête. A ce stade, la justice française — compétente dans ce dossier en raison de la nationalité française de l’équipage de l’avion — soupçonne le Front patriotique rwandais (FPR): un commando se serait infiltré à travers le dispositif des Forces armées rwandaises (FAR), sur la colline de Massaka, qui surplombe l’aéroport à l’est de la piste, pour tirer deux missiles antiaériens Sam-16.

Le gouvernement rwandais a de son côté mis en place une commission d’enquête qui a imputé la responsabilité de l’attentat aux extrémistes "Hutu Power" des Forces armées rwandaises (FAR) qui auraient voulu se débarrasser du président (hutu) Habyarimana pour faciliter un coup d’Etat.

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Selon ce rapport rwandais, assorti d’une expertise balistique réalisée par des experts britanniques, les tirs sont partis depuis le camp militaire de Kanombe, importante base des FAR, jouxtant l’aéroport et la résidence présidentielle au Sud-Est.

Aidés d’experts géomètre, en balistique, explosifs et incendie, les juges devraient se rendre sur les deux lieux pour essayer de préciser l’origine des tirs et de reconstituer les conditions de l’attentat.

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A la demande de la défense, ils doivent également entendre des témoins et récupérer de nombreuses pièces ayant permis d’élaborer le rapport rwandais.

Les deux magistrats seront accompagnés de policiers français et d’avocats représentant les familles des victimes, parties civiles dans l’enquête.

Les avocats de trois Rwandais proches de Paul Kagame, visés par les mandats d’arrêts internationaux qui avaient provoqué la crise diplomatique entre Paris et Kigali, devraient également être présents.

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