Kofi Annan demande à Nairobi de clarifier sa position sur la CPI

L’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, qui fut médiateur dans la crise kényane, a invité dimanche Nairobi à clarifier sa position à l’égard de la Cour pénale internationale (CPI) après l’invitation par le Kenya du président soudanais Omar el-Béchir, recherché pour génocide.

L’ancien secrétaire général de l’ONU s’est dit étonné de voir El-Béchir au Kenya, le 27 août. © AFP

L’ancien secrétaire général de l’ONU s’est dit étonné de voir El-Béchir au Kenya, le 27 août. © AFP

Publié le 29 août 2010 Lecture : 2 minutes.

Actualisé le 29 août à 21h29.

Le Kenya avait invité vendredi le président Béchir à la cérémonie solennelle de promulgation de sa nouvelle Constitution, à laquelle le dirigeant soudanais a participé sans être inquiété. Le Kenya, signataire du statut créant la CPI, avait théoriquement l’obligation de l’interpeller car la Cour a émis deux mandats d’arrêt contre lui, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, et pour génocide au Darfour, une province de l’ouest du Soudan en proie à une guerre civile meurtrière.

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« Comme beaucoup d’autres, j’ai été surpris par la présence du président soudanais Béchir à Nairobi pour la promulgation de la nouvelle Constitution du Kenya », a dit M. Annan dans un communiqué publié à Nairobi. Il s’exprimait en qualité de président du Panel de personnalités éminentes africaines, formé à la demande de l’Union africaine pour aider le Kenya à sortir de la crise après les violences post-électorales de 2007/08 qui ont fait quelque 1.500 morts, les pires depuis l’indépendance du pays.

Omar el-Béchir "est un voisin"

« Le Kenya a des obligations précises en tant que signataire du statut de Rome (le traité fondateur de la CPI) et coopère également avec la Cour pénale internationale dans les enquêtes relatives à la violence électorale », ajoute Kofi Annan. « Dans ces circonstances, le gouvernement devrait clarifier sa position et réaffirmer son engagement et sa coopération avec la CPI », souligne M. Annan.

Le panel qu’il dirige est parvenu à arracher un accord de partage du pouvoir en février 2008 pour mettre fin aux violences qui avaient accompagné la réélection controversée du président Mwai Kibaki fin 2007. Ce dernier avait été maintenu à la présidence du pays tandis qu’un poste de Premier ministre était créé et confié à son adversaire malheureux, Raila Odinga.

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Face aux nombreuses critiques internationales, Nairobi a justifié l’invitation de M. Béchir aux cérémonies constitutionnelles. « Le président Béchir est ici parce que nous avons invité tous nos voisins et que c’est un voisin », a déclaré vendredi le ministre des Affaires étrangères Moses Wetangula. « Nous n’avons à nous excuser (…) parce que je suis sûr que nous améliorons la paix, la sécurité et la stabilité dans la région », a ajouté M. Wetangula.

Signaux contradictoires

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Mais, à y regarder de plus près, les signaux sont pour le moins contradictoires. « Cela a été une erreur d’inviter le président Béchir, parce qu’il est inculpé de crimes contre l’Humanité, même si nous voulons renforcer nos relations de bon voisinage avec les pays de la région », a déclaré le Premier ministre Raila Odinga, lors d’un déplacement dans la banlieue de Nairobi pour assister à un office dans une Église pentecôtiste.

Le vice-ministre kényan des Affaires étrangères Richard Onyonka a assuré de son côté dimanche que « le Kenya souhaite réaffirmer son engagement à l’égard de la CPI ».

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