Qui sont les Africains les plus heureux ? Les surprenants résultats du classement mondial du bonheur
Les résultats du classement mondial du bonheur ne laissent pas de surprendre. Notamment au niveau de son top africain, bien loin de mettre en avant les pays attendus.
Publié le 23 mars 2024 Lecture : 3 minutes.
C’est un palmarès pour le moins surprenant dont les résultats sont parfois particulièrement contre-intuitifs. Selon le Classement mondial du bonheur 2024, le pays africain dans lequel les habitants sont le plus heureux est… la Libye. Le pays, qui se classe au 66e rang mondial, est suivi de près par Maurice (70e) et l’Afrique du Sud (83e).
Dans le « top 10 africain » (voir la liste complète à la fin de cet article), on retrouve l’Algérie, en quatrième position, suivie du Congo, du Mozambique, du Gabon, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée et du Sénégal. Un palmarès qu’il convient cependant de prendre avec beaucoup de précautions, tant les biais dans l’analyse sont nombreux (voir le détail de la méthodologie à la fin de cet article).
Les Algériens sont-ils plus heureux que les Marocains ?
À en croire le rapport, les Marocains seraient sensiblement moins heureux que les Algériens, dont le pays était en tête des États africains du classement dans l’édition 2016. Le Maroc, en 107e position mondiale, est en effet sur la troisième marche du podium nord-africain, devant la Mauritanie, la Tunisie et l’Égypte. En queue de classement – tant au niveau continental que mondial –, l’Égypte est aussi l’un des pays où le bonheur s’est le plus amoindri ces dernières années.
Les auteurs du rapport ont en effet comparé les résultats d’une enquête sur le bonheur réalisée entre 2006 et 2010 avec les résultats obtenus pour la période 2021-2023. Et si l’Égypte accuse l’un des plus forts reculs au niveau mondial, le Maroc, lui, se situe en revanche en haut du tableau des pays où le bonheur aurait le plus progressé.
Heureux Ivoirien, malheureux Sierra-Léonais ?
Classée au 96e rang mondial et au 8e rang continental, la Côte d’Ivoire est le pays d’Afrique de l’Ouest dont la population serait la plus heureuse, juste devant celles de Guinée et du Sénégal. À l’inverse, les Maliens, les Togolais et les Sierra-Léonais seraient les Ouest-Africains les moins heureux.
Kinshasa vs Brazzaville : le match du bonheur
En Afrique centrale, les deux Congos sont aux antipodes l’un de l’autre. Brazzaville, au 89e rang mondial et au 5e rang continental, arrive loin devant Kinshasa, qui figure en bas de classement mondial et africain.
Contrastes en Afrique australe
Les Mauriciens seraient les Africains les plus heureux du continent, mais ils le seraient un peu moins que les Libyens, et un tout petit peu plus que les Sud-Africains. Congolais de RDC et Sierra-Léonais mis à part, l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe sont aussi les régions du continent qui concentrent le plus de pays situés dans les abysses du classement mondial du bonheur.
Le classement est-il pertinent ?
S’il convient à n’en pas douter de prendre les résultats de cette étude avec circonspection, le World Happiness Report 2024 n’en est pas moins endossé par les Nations unies. En 2012, l’Assemblée générale de l’ONU a en effet voté en faveur de la création d’une journée mondiale du Bonheur, qui se tient désormais chaque année le 20 mars. Une résolution qui avait à l’époque été initiée par le Bhoutan, petite monarchie héréditaire située dans l’Himalaya dont le roi a inventé, dans les années 1970, l’indice du bonheur national brut (BNB).
Le classement mondial du bonheur, dont la première édition a été publiée en 2017, est en réalité le fruit d’un sondage mené dans une partie seulement des pays de la planète. Premier biais dans l’analyse, donc : les chiffres ne sont pas exhaustifs. Ainsi, sur le continent africain, seuls 40 pays voient leur niveau de bonheur « mesuré » à l’aune des critères retenus.
Publié par le Centre de recherche sur le bien-être de l’Université d’Oxford, au Royaume-Uni, le classement est en réalité essentiellement basé sur les sondages réalisés par l’institut américain Gallup. Chaque année, sur une période de trois ans, environ un millier de personnes de chaque pays sont sondées. Elles doivent évaluer leur vie sur une échelle de 0 (horrible) à 10 (parfaite) et sont également interrogées sur leur rapport aux « émotions positives » (rire, plaisir et intérêt) et aux « émotions négatives » (inquiétude, tristesse et colère).
L’analyse, fondée sur des déclarations subjectives ayant trait à l’émotionnel et sur une portion relativement infime de la population de chaque pays, est donc biaisée. « Des pondérations sont utilisées pour construire des moyennes nationales représentatives de la population pour chaque année dans chaque pays », précisent cependant les auteurs. Difficile cependant d’y voir une mesure suffisante.