À Gaza, les bombardements se poursuivent sous le regard impuissant de la communauté internationale
Des frappes aériennes et des tirs d’artillerie se sont succédé dimanche dans la bande de Gaza, ciblant notamment deux hôpitaux de la ville de Rafah, selon le Croissant-Rouge. Au lendemain de ce nouvel assaut, l’ONU appelle ses membres à voter pour un cessez-le-feu « immédiat ».
Dimanche, 84 personnes ont été tuées dans des bombardements notamment dans la ville de Gaza (nord) et celles de Khan Younès et Rafah (sud), portant le bilan total palestinien à 32 226 morts, a annoncé dimanche le ministère de la Santé du Hamas.
« Quand on regarde Gaza, on dirait presque que les quatre cavaliers de l’Apocalypse galopent au-dessus, semant la guerre, la famine, la conquête et la mort », s’est alarmé dimanche le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, en déplacement en Égypte. Antonio Guterres a exhorté Israël à « lever les derniers obstacles » à l’entrée de l’aide humanitaire, désespérément attendue par les 2,4 millions d’habitants du territoire palestinien, placé sous un siège complet depuis le 7 octobre, date du début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Ce jour-là, des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d’Israël qui a fait au moins 1 160 morts, essentiellement des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. D’après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.
Hôpitaux assiégés
Dimanche, l’armée israélienne a poursuivi ses opérations terrestres et aériennes à Khan Younès où elle affirme vouloir anéantir les combattants du Hamas. « Les maisons se sont effondrées au-dessus de nos têtes », a raconté ce même jour un habitant de Rafah, Hassan Zanoun, qui fouillait avec d’autres survivants les ruines éventrées de son quartier.
Des témoins ont également expliqué que des dizaines de véhicules blindés et de chars avaient mené une incursion vers deux heures du matin, accompagnée de frappes aériennes, dans le centre de la ville et aux environs des deux grands hôpitaux, Nasser et Al-Amal. Le Croissant-Rouge palestinien a confirmé que ces deux hôpitaux ont été pris d’assaut par l’armée israélienne. Selon cette source, des appels ont été émis par drones, demandant à tous les occupants de l’hôpital Al-Amal de sortir dévêtus, tandis que l’armée bloquait les portes de l’établissement au moyen de digues de terre. « Toutes nos équipes sont en danger extrême et ne peuvent bouger », a précisé l’organisation humanitaire.
L’armée a confirmé que ses « troupes opèrent dans toute la zone d’Al-Amal », mais « [qu’]elles n’opèrent pas actuellement dans les hôpitaux ». Parallèlement, les forces israéliennes mènent depuis lundi dernier une opération d’envergure sur le grand complexe hospitalier d’Al-Chifa, dans la ville de Gaza. Un total de 170 combattants y ont été tués, selon l’armée qui promet de rester sur place jusqu’à ce qu’elle trouve le dernier combattant.
Dialogue de sourds
Dans ce contexte, un nouveau vote sur un nouveau projet de résolution exigeant un cessez-le-feu « immédiat », préparé par huit des dix membres non permanents du Conseil, est prévu lundi à l’ONU. En route pour une visite officielle aux États-Unis, le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a indiqué à la presse qu’il s’attacherait à « préserver l’avantage militaire » d’Israël au Proche-Orient. Les relations entre les deux alliés se sont refroidies ces dernières semaines. L’une des sources de tension réside dans le projet d’Israël de mener une invasion terrestre dans la ville de Rafah, à la frontière égyptienne, où environ 1,5 million de Palestiniens – pour la plupart des déplacés – ont trouvé refuge.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, qui s’est rendu dans la région il y a quelques jours, avait déclaré qu’une opération terrestre d’envergure à Rafah risquerait « d’isoler Israël davantage ». Mais le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lui avait répondu qu’il était prêt à mener cette opération même sans le soutien de Washington. De son côté, Emmanuel Macron a réitéré « sa ferme opposition » à une offensive militaire israélienne sur Rafah, avertissant que « le transfert forcé de population constituait un crime de guerre ». Le président français a par ailleurs insisté pour qu’Israël ouvre « sans délai et sans conditions tous les points de passage terrestres existant vers la bande de Gaza ».
Après de nouveaux pourparlers au Qatar sur une trêve, les chefs de la CIA, Bill Burns, et du Mossad, David Barnea, ont quitté samedi Doha, selon une source proche des discussions. Ces négociations se sont « concentrées sur les détails et un ratio pour l’échange d’otages et de prisonniers », a ajouté cette source. Le Hamas s’était dit prêt à la mi-mars à une trêve de six semaines, avec des libérations d’otages en échange de prisonniers palestiniens. Mais samedi, un responsable du mouvement islamiste a fait état de « profondes divergences ». Israël « refuse d’accepter un cessez-le feu complet, il refuse un retrait complet de ses forces de Gaza » et veut garder la gestion du secours et de l’aide humanitaire « sous son contrôle », a affirmé ce responsable.
Des proches d’otages se sont à nouveau rassemblés samedi devant le ministère de la Défense à Tel-Aviv pour réclamer des efforts accrus en vue de leur libération. Des échauffourées ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre.
(avec AFP)
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