Farouk Hosni et les mystères du Caire
Le tableau de Van Gogh dérobé samedi 21 août dans un musée du Caire n’a pas été retrouvé, contrairement à ce qu’avait initialement annoncé le ministre égyptien de la Culture Farouk Hosni. Lequel a dû revenir sur des « informations inexactes », tout en rejetant la responsabilité de cette erreur sur un subordonné.
Actualisé le 22 août 2010 à 11h30.
Le ministre, Farouk Hosni, avait annoncé plus tôt à l’AFP et à l’agence officielle égyptienne Mena que le tableau "Coquelicots", estimé à plus de 50 millions de dollars, avait été récupéré, plusieurs heures après avoir été volé, entre les mains de deux Italiens arrêtés à l’aéroport du Caire.
"Deux Italiens, un homme et une femme, ont été arrêtés en possession du tableau alors qu’ils tentaient de quitter le pays", avait-il affirmé précisant que la toile avait été "découpée puis retirée de son cadre après l’ouverture du musée".
Mais le ministre a ensuite été contraint de faire marche arrière, intervenant en direct par téléphone à la télévision publique égyptienne pour expliquer que le tableau n’avait finalement pas été récupéré, en reprenant les termes d’un communiqué publié par son ministère.
"L’information (…) venait de (…) Mohsen Shaalan (un responsable du ministère), qui l’a transmise au ministre dans une conversation téléphonique. Bien que M. Shaalan ait été informé que le tableau avait été retrouvé, l’information était inexacte", a expliqué le communiqué du ministère de la Culture.
Déclarations "embarrassantes et chaotiques"
Les raisons de l’arrestation des deux Italiens n’étaient pas claires dans l’immédiat et il n’a pas été possible de savoir s’ils avaient été libérés. Le ministre avait indiqué qu’une dizaine de personnes seulement avaient visité samedi le musée situé à Dokki, quartier résidentiel du centre du Caire, sur la rive gauche du Nil.
Les deux Italiens arrêtés sont des jeunes qui avaient visité le musée avec un groupe de touristes espagnols et russes, a rapporté de son côté l’agence de presse italienne Ansa en citant des "informations recuellies sur place".
Après la découverte du vol, la police a fouillé les touristes russes et espagnols sans rien trouver et a décidé alors de rechercher les deux Italiens qui ont été retrouvés à l’aéroport du Caire, selon Ansa.
Les autorités compétentes en matière de sécurité ont refusé de commenter les déclarations du ministre de la Culture, mais un responsable les a qualifiées "d’embarrassantes et de chaotiques". L’ambassade d’Italie au Caire a indiqué samedi n’avoir pas été contactée à propos de l’arrestation des deux Italiens.
Système de surveillance en panne
Le tableau était exposé, aux côtés d’oeuvres de Monet, Renoir ou Degas, au musée Mahmoud Khalil qui abrite l’une des plus importantes collections d’art européen des XIXe et XXe siècles au Moyen-Orient. Un responsable du musée a expliqué que le tableau était connu sous le nom de "Coquelicots" ou "Vase aux fleurs". Le même tableau avait déjà été volé en 1977 et il avait fallu dix ans pour que la police parvienne à remettre la main dessus. Le musée Mahmoud Khalil porte le nom d’un député des années 30, qui possédait une vaste collection d’oeuvres d’art. Le musée a été installé dans son palais.
Les caméras de surveillance et le système d’alarme dans le musée étaient "depuis longtemps" en panne, a affirmé dimanche à l’AFP un responsable des services de sécurité. "Les caméras ne marchaient pas depuis longtemps, tout comme le système d’alarme", a-t-il dit sous le couvert de l’anonymat, ajoutant qu’aucune image du vol n’était donc disponible et précisant que deux Italiens arrêtés dans un premier temps avaient déjà été relâchés. "On ne sait pas depuis quand exactement ils étaient en panne mais ils l’étaient depuis longtemps. Les responsables du musée ont dit qu’ils cherchaient des pièces de rechange mais qu’ils n’en avaient pas trouvé", a-t-il poursuivi.
L’enquête du parquet se poursuit avec les responsables et employés du musée Mahmoud Khalil. La police continue de rechercher activement la toile et ses voleurs, notamment dans les aéroports et ports du pays, selon la même source. Le parquet administratif a en outre lancé une enquête en parallèle, a-t-elle précisé.
La contrebande d’objets d’art, notamment pharaoniques, est un commerce lucratif en Egypte, pays à l’immense patrimoine archéologique. Des oeuvres de Van Gogh ont déjà été volées dans d’autres musées. En 2008, quatre toiles, dont un Van Gogh, avaient été volées dans un musée de Zurich. Ces toiles avaient été évaluées à quelque 112 millions d’euros.
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