Le référendum sur l’indépendance du Sud-Soudan est mal parti

Le chef de la commission chargée d’organiser le référendum sur l’indépendance du Sud-Soudan prévu le 9 janvier a reconnu lundi d’importantes divisions paralysant l’organisation de ce scrutin qui ne répond déjà plus aux critères établis par la loi référendaire.

Des Soudanais manifestent pour l’indépendance du Sud, le 30 juillet 2010. © AFP

Des Soudanais manifestent pour l’indépendance du Sud, le 30 juillet 2010. © AFP

Publié le 16 août 2010 Lecture : 3 minutes.

La commission – composée de cinq sudistes et quatre nordistes – n’est pas parvenue depuis sa formation fin juin à un consensus sur l’identité de son secrétaire général, qui sera responsable de la mise en oeuvre des aspects techniques et administratifs du référendum.

Selon des sources politiques, deux candidats nordistes ont été rejetés par la majorité de la commission. Et aucun vote n’a eu lieu sur un candidat originaire du Sud-Soudan. "Depuis (juin), nous avons accordé 63 postes si l’on inclut ceux au sein de la commission. Quatre ont été accordés à des nordistes et 59 à des sudistes. Alors c’est quoi cette farce à propos de la nomination d’un nordiste au poste de secrétaire général, cela ferait cinq nordistes et 59 sudistes", a dit à l’AFP, le chef de la commission, Mohamed Ibrahim Khalil, un nordiste et ancien ministre des Affaires étrangères.

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Un haut responsable des ex-rebelles sudistes du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), Pagan Amure, avait déclaré la semaine dernière que la commission était "paralysée" et avait accusé M. Khalil d’avoir bloqué le vote d’un troisième candidat, sudiste, au poste de secrétaire général.

Pas de report demandé, mais…

Le référendum d’indépendance du Sud-Soudan est l’élément clé de l’accord de paix global (CPA) ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord, majoritairement musulman, et le Sud, en grande partie chrétien. Selon la constitution intérimaire, née de l’accord de paix, les élus soudanais devaient voter à la mi-2007 la loi encadrant le référendum. Et la commission devait être aussitôt créée.

Or la loi référendaire a été votée en décembre dernier et la commission mise sur pied fin juin. "On nous a donné un peu plus de six mois pour faire un travail requérant 42 mois selon les auteurs de la Constitution… Le temps est notre principal obstacle", a déclaré M. Khalil.

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Selon le Centre des médias soudanais, un organe de presse proche des services de renseignements, la commission a demandé à la présidence un "report" du référendum, notamment par la voix d’un de ses experts. "J’ai écrit un mémorandum à la présidence expliquant les exigences pour respecter la loi référendaire… les journaux et certaines personnalités politiques, pour des raisons qui leur appartiennent, me font dire ce que je n’ai pas dit. Le mémorandum ne requiert pas un délai", a assuré M. Khalil.

S’il ne "requiert" pas un report, il montre toutefois que le temps prévu dans la loi référendaire pour constituer la liste des électeurs est déjà écoulé, a expliqué M. Khalil. La commission n’a pas commencé à enregistrer les sudistes ayant droit de vote, une tâche complexe qu’elle ne peut entamer sans un secrétaire général.

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Accord obligatoire

Après la publication d’une liste préliminaire, "deux mois" sont requis pour les contestations, souligne M. Khalil. La liste définitive des électeurs doit quant à elle être publiée "trois mois" avant la tenue du référendum prévu le 9 janvier selon l’accord de paix. "Prenez la date du 9 janvier, tracez une ligne cinq mois en arrière, et regardez où vous êtes (9 août, il y a une semaine, ndlr). C’est ce que j’ai expliqué dans mon mémorandum qui se conclut en disant: c’est à vous de décider ce qu’il faut faire", a souligné M. Khalil.

La commission référendaire n’a pas le pouvoir de reporter le référendum, cela exigeant un accord entre les ex-rebelles sudistes du SPLM et le Parti du Congrès national (NCP) du président Omar el-Béchir.

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