Massacre des Algériens le 17 octobre 1961 : bientôt une journée de commémoration en France ?

Alors que François Hollande avait reconnu la responsabilité de la France dans le massacre en 2012, et qu’Emmanuel Macron avait observé une minute de silence en 2021, l’événement pourrait bientôt faire l’objet d’une journée de commémoration officielle.

Plaque commémorative des événements du 17 Octobre 1961. © HALEY/SIPA

Plaque commémorative des événements du 17 Octobre 1961. © HALEY/SIPA

Publié le 27 mars 2024 Lecture : 3 minutes.

L’Assemblée nationale examinera ce mercredi 27 mars 2024 en fin de soirée, ou jeudi, un texte demandant au gouvernement l’instauration d’une journée de commémoration du massacre du 17 octobre 1961 au cours duquel entre une trentaine et plus de 200 manifestants algériens sont morts à Paris, selon les historiens.

Si la députée écologiste des Hauts-de-Seine, Sabrina Sebaihi, est à l’origine du texte, son écriture a fait l’objet de fréquents échanges avec l’Élysée, dans un contexte où les questions mémorielles pèsent toujours lourd dans les relations entre la France et l’Algérie. La proposition de résolution portée par Sabrina Sebaihi et Julie Delpech (membre du groupe Renaissance, qui soutient le président Macron) réclame la « reconnaissance et la condamnation du massacre […] commis sous l’autorité du préfet de police de l’époque, Maurice Papon », souligne l’exposé des motifs. Il demande « l’inscription d’une journée de commémoration du massacre du 17 octobre 1961 à l’agenda des journées officielles et cérémonies nationales ».

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Il y a 63 ans, quelque 30 000 Algériens venus manifester pacifiquement à Paris ont subi une violente répression des forces de police. Le bilan officiel de trois morts et une soixantaine de blessés est très en-deçà des estimations des historiens, qui recensent « au moins plusieurs dizaines » de morts.

« Des crimes inexcusables »

Le président de la République Emmanuel Macron avait amorcé cette reconnaissance en octobre 2021 en déclarant que « les crimes commis le 17 octobre 1961 sous l’autorité (du préfet de police de Paris de l’époque) Maurice Papon sont inexcusables pour la République ». Paris avait annoncé en décembre de la même année un accès élargi aux archives sur la guerre d’Algérie (1954-1962). En 2012, le président François Hollande avait rendu « hommage aux victimes » d’une « sanglante répression » qui s’abattit sur ces hommes manifestant pour « le droit à l’indépendance ».

Députée de Nanterre, où nombre de personnes ont vécu la marche et « peuvent [en] témoigner », Sabrina Sebaihi avait rédigé une première version de son texte, qu’elle souhaitait voir examiné lors de la journée réservée aux écologistes en 2023. Mais le texte avait finalement été retiré, la majorité ayant fait savoir qu’elle ne le voterait pas. Depuis, Sabrina Sebaihi et l’ancien député Renaissance Philippe Guillemard se sont livrés à « un travail de réécriture à la virgule près avec l’Élysée » pour parvenir à une version du texte qui convienne à l’exécutif, raconte-t-elle. « Nous avons atterri sur un texte où il n’y a pas la notion de crime d’État », dit Sabrina Sebaihi.

Le fait d’inscrire une journée de commémoration à l’agenda des journées officielles et cérémonies a aussi donné lieu à « une bataille de plusieurs mois et finalement on s’est mis d’accord », affirme la députée. Philippe Guillemard, qui a quitté l’Assemblée nationale lorsque l’ancienne ministre Carole Grandjean a repris son siège, confirme que les échanges avec l’Élysée ont été « nombreux » et que la proposition de résolution a été « ciselée mot par mot ».

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L’adoption du texte pourrait inciter l’Élysée à organiser une commémoration, souligne Sabrina Sebaihi. Et ce alors que le président algérien Abdelmadjid Tebboune doit effectuer une visite d’État en France « fin septembre-début octobre », ainsi que l’a annoncé l’Élysée il y a quinze jours, à l’issue d’un entretien téléphonique entre Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. Les deux hommes s’étaient félicités, « s’agissant des questions mémorielles […] des récentes avancées de la Commission mixte franco-algérienne d’historiens présidée par les professeurs Mohamed Lahcen Zeghidi et Benjamin Stora, qui se réunira de nouveau en avril ».

Les Républicains « ne voteront pas pour »

La récente annonce du changement de date de la présidentielle algérienne, initialement programmée en décembre mais avancée au 7 septembre 2024, pourrait toutefois modifier le calendrier de la visite d’Abdelmajid Tebboune. Quant au texte porté par Sabrina Sebaihi et Julie Delpech, il devrait recevoir le soutien de la gauche, de Renaissance et du MoDem. Les députés Horizons disposeront d’une liberté de vote alors que les travaux de la commission d’historiens sont toujours en cours, selon un cadre du groupe.

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LR « ne votera pas pour », selon le président du groupe, Olivier Marleix, qui ne voit pas la nécessité de « créer une journée supplémentaire du souvenir ». Le RN n’a pas dévoilé son vote.

(Avec AFP)

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