Désengorger la prison de Makala, le pari de Tshisekedi

En RDC, après une injonction du chef de l’État, un haut magistrat est allé visiter la prison centrale de Kinshasa pour y constater les ravages de la surpopulation carcérale.

© Damien Glez

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Publié le 27 mars 2024 Lecture : 2 minutes.

« Même si tu n’aimes pas le lièvre, il faut reconnaître qu’il court vite », dit la sagesse africaine. De même, si certains politiciens n’aiment guère la presse trop libre, force est de constater que notre confrère Stanis Bujakera Tshiamala a mis le doigt sur un problème crucial en évoquant la surpopulation carcérale dans la prison centrale de Kinshasa – problème soulevé dans des entretiens accordés après sa récente libération au terme de six mois d’incarcération.

Le fait n’est pas nouveau. En janvier dernier, l’ONG Fondation Bill Clinton pour la paix déplorait que le centre pénitentiaire de Makala compte environ 13 600 détenus, alors que l’établissement avait initialement été conçu pour 1 500 personnes. Un engorgement qui rend évidemment difficile la gestion de l’espace. L’ONG congolaise affirmait que les mauvaises conditions de détention avaient causé, dans cette seule prison, le décès de plus de 500 détenus en 2023.

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Un excédent de pensionnaires de 800 % qui met également en péril le caractère hermétique de Makala. En mai 2017, après l’attaque d’un commando pour libérer le chef de la secte Bundu dia Kongo, ce sont plus de 4 600 détenus qui avaient pris la poudre d’escampette

Des autorités inquiètes

La mise en lumière du problème par Stanis Bujakera Tshiamala aurait fait réagir jusqu’au sommet de l’État. Lors du conseil des ministres qui s’est tenu le 22 mars, le président Félix Tshisekedi a demandé à son ministre de la Justice, sous huit jours, un état des lieux précis des espaces dédiés à la privation de liberté.

Trois jours plus tard, le premier président de la Cour de cassation, Elie Ndomba Kabeya, s’est déplacé à la prison de Makala, estimant qu’il fallait « vérifier » les diverses alertes. À l’issue de sa visite, le magistrat a confirmé que « cette prison est devenue totalement insalubre ». Il a promis qu’en tant que juriste, il suivrait ce dossier.

« Un droit constitutionnel »

La surpopulation carcérale n’est pas seulement le fait d’un manque d’infrastructures, ni même d’une explosion des crimes et délits. Elle résulte de la lenteur des procédures judiciaires et donc de la durée souvent excessive de l’incarcération préventive.

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Des sources affirment qu’à Makala, Elie Ndomba Kabeya aurait rencontré Damas Ngoy Kumbu, un militaire emprisonné depuis… 21 ans pour soupçon de « vol à main armée ». Dans cette affaire, des auditions auraient été réalisées. Sans suite.

Au même conseil des ministres de vendredi dernier, le chef de l’État a martelé que le « droit d’être jugé dans les délais [était] un droit constitutionnel ».

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