Référendum constitutionnel : victoire du « oui » à plus de 67 %
Le projet constitutionnel défendu par le président Kibaki et le Premier ministre Odinga a été largement approuvé avec un fort taux de participation. Le texte ne devrait rentrer en application qu’en 2012, après les élections générales.
Les résultats définitifs du référendum sur le projet de la nouvelle constitution kényane ont été proclamés jeudi soir par la Commission électorale intérimaire indépendante (IIEC). C’est un « oui » massif qui l’a emporté, la nouvelle loi fondamentale du pays ayant été approuvée par 67,25% des voix suffrages (soit 5 954 767 voix), le non n’ayant recueilli que seule 30,35 % (soit 2 687 183 voix).
La nouvelle Constitution est censée tourner une page « historique » après les violences post-électorales de 2007-2008. Mais par-delà le résultat, c’est surtout la très forte participation au vote – 71 % – qui rassure les observateurs sur la stabilisation du Kenya. Près de huit millions d’électeurs ont voté sur les 12,4 millions enregistrés.
Le président Mwai Kibaki a salué la victoire du « oui ». « Ce voyage, commencé il y a 20 ans, arrive à un dénouement heureux (…) », a-t-il déclaré. « Adopter cette nouvelle Constitution sera une victoire pour le Kenya et pour les nombreuses personnes qui se sont battues avec obstination pour ce texte qui reflète nos espoirs et nos aspirations », s’est-il également félicité. « Les Kenyans ont parlé d’une seule voix », a salué pour sa part le Premier ministre du gouvernement d’Union nationale, Raila Odinga.
Pas de contestation
Défendue à la fois par Kibaki et par Odinga, malgré leurs fréquents désaccords, la nouvelle Constitution kényane devrait rentrer en vigueur après les élections générales de 2012. Elle vise à rendre les institutions du pays plus démocratiques, crée une chambre haute du Parlement (Sénat) et renforce les attributions de l’Assemblée nationale pour contrebalancer le pouvoir du président, qui peut faire l’objet d’une procédure de destitution. Mais le poste de Premier ministre est supprimé.
Elle prévoit également une réforme foncière cruciale, contestée notamment par les leaders de la communauté kalenjin qui ont agité lors du référendum le spectre de la confiscation de terres par l’Etat.
Le leaders du camp du « non » le ministre de l’Enseignement supérieur William Ruto, a concédé la défaite dès la mi-journée: « nous avons accepté le verdict de la majorité (…) », a-t-il déclaré, proposant cependant « un mécanisme de consultation pour déterminer comment les sujets de contentieux dans la Constitution peuvent être amendés ».
« Ceux qui ont exprimé des opinions différentes sur la nouvelle Constitution continueront d’être entendus dans le cadre des institutions démocratiques mises en place » par la nouvelle Loi fondamentale, a assuré à ce propos le président Kibaki.
Le bon déroulement du référendum contraste avec les violences meurtrières qui avaient accompagné la réélection controversée du président Kibaki le 27 décembre 2007 face à son adversaire d’alors, M. Odinga.
Ni perdant ni vainqueur
Ces violences avaient fait 1 500 morts, alimenté les ressentiments ethniques, sapé la confiance des électeurs dans leurs institutions et mis à mal l’image de stabilité du pays.
Sous la surveillance de quelque 70 000 membres des forces de sécurité déployés pour l’occasion dans le pays, le scrutin, malgré une campagne électorale tendue, a cette fois été bien organisé par une commission électorale totalement renouvelée et modernisée.
La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a « félicité le peuple du Kenya d’avoir participé en grand nombre et d’avoir exercé son droit de vote de façon pacifique », tandis que Londres y voit une « décision qui fait date ».
La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a salué « un événement historique pour le pays et une étape importante dans le programme de réformes » engagées par le gouvernement kényan.
« Il n’y a ni perdant ni vainqueur dans ce référendum. C’est le Kenya lui-même qui a triomphé », s’est félicité pour sa part l’ancien secrétaire général de l’ONU et médiateur dans la crise kényane, Kofi Annan, qui avait négocié l’accord de partage du pouvoir de février 2008.
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