Gaza : Israël veut parler avec les États-Unis avant son offensive sur Rafah
En dépit de l’appel à un cessez-le-feu immédiat voté en début de semaine à l’ONU, le gouvernement de Benyamin Netanyahou est déterminé à lancer son invasion terrestre sur la ville du sud de la bande de Gaza, où sont réfugiés 1,5 million de Palestiniens.
La bande de Gaza est le théâtre ce 28 mars de raids aériens et d’affrontements féroces entre l’armée israélienne et des combattants palestiniens du Hamas à l’heure où le gouvernement de Benyamin Netanyahou rouvre la porte à des discussions avec son allié américain sur une éventuelle opération à Rafah.
Tôt dans la journée, le ministère de la Santé du Hamas a fait état d’au moins 66 morts à Gaza au cours de la nuit, notamment dans des frappes aériennes, tandis qu’un haut responsable local rapportait des combats près de la ville de Gaza (nord) et à Khan Younès (sud). En parallèle, l’agence de presse palestinienne Wafa a dénombré des heurts dans différentes localités de la Cisjordanie occupée.
L’armée israélienne, qui accuse les combattants du Hamas de se cacher dans les hôpitaux, poursuit son opération lancée le 18 mars dans le complexe hospitalier al-Chifa de Gaza-Ville. À Khan Younès, les soldats mènent des opérations dans le secteur des hôpitaux Nasser et al-Amal, distants d’environ un kilomètre.
L’hôpital al-Amal « a cessé de fonctionner complètement », a indiqué plus tôt cette semaine le Croissant-Rouge palestinien après l’évacuation des civils qui s’y trouvaient.
Les négociations se poursuivent
En réponse à l’abstention des États-Unis concernant une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant le 25 mars à un « cessez-le-feu immédiat » dans la bande de Gaza, le gouvernement du Premier ministre israélien avait annulé l’envoi d’une délégation à Washington pour discuter du projet d’offensive terrestre à Rafah.
Le 27 mars, un haut responsable américain a déclaré que les services de Netanyahou avaient « fait savoir qu’ils aimeraient trouver une nouvelle date pour organiser la réunion consacrée à Rafah ».
Après Gaza-Ville et Khan Younès, Israël veut poursuivre son offensive terrestre jusque dans cette ville à la pointe sud de la bande de Gaza, considérée comme le dernier grand bastion du Hamas et où s’entassent 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés par les violences ailleurs dans le territoire. Premier allié d’Israël, les États-Unis redoutent le bilan humain d’une telle opération et préfèrent d’autres options comme des mesures ciblées contre des chefs locaux du Hamas.
En parallèle, le Qatar – pays médiateur avec l’Égypte et les États-Unis – a assuré cette semaine la poursuite des négociations indirectes entre Israël et le Hamas visant à arracher une trêve de plusieurs semaines dans les combats doublée d’un échange d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens.
« Actes de génocide »
La guerre a été déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël qui a entraîné la mort d’au moins 1 160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte établi à partir de données officielles israéliennes. D’après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 seraient mortes.
En représailles, Israël a juré de « détruire » le Hamas et lancé une vaste opération qui a fait 32 490 personnes morts, majoritairement des femmes et des mineurs, selon le ministère de la Santé du Hamas.
L’experte des Nations unies ayant affirmé qu’il existait des motifs raisonnables » de croire qu’Israël avait commis plusieurs « actes de génocide » à Gaza, Francesca Albanese, a affirmé mercredi avoir reçu des « menaces » mais assure ne pas vouloir démissionner.
Un grand nombre de pays, pour la plupart arabes et musulmans mais aussi d’Amérique latine, ont apporté leur soutien cette semaine à cette rapporteure spéciale de l’ONU sur les territoires palestiniens occupés au centre d’une controverse, certains observateurs estimant que ses déclarations sont parfois trop musclées.
Catastrophe humanitaire
Outre le lourd bilan humain et les destructions colossales, la guerre a provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien exigu, où la majorité des 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine, selon l’ONU.
Alors que l’aide humanitaire par voie terrestre contrôlée strictement par Israël y arrive au compte-gouttes, plusieurs pays arabes et occidentaux parachutent quotidiennement des vivres, surtout dans le nord de la bande de Gaza où la situation est particulièrement désespérée.
« Une aide alimentaire est habituellement parachutée quand les personnes sont isolées, à des centaines de kilomètres de tout. Ici, l’aide dont on a besoin est à peine à quelques kilomètres: il faut utiliser les routes! », a déclaré James Elder, porte-parole de l’Unicef, depuis Rafah.
Le 26 mars, le Hamas avait annoncé la mort de 18 personnes, dont 12 noyées en essayant de récupérer de la nourriture parachutée tombée en mer, appelant à l’arrêt des largages et à l’ouverture des accès terrestres pour l’acheminement des aides.
« Quand les parachutes sont tombés à l’eau, de jeunes hommes et des garçons ont commencé à patauger dans leur direction. Malheureusement, certains ne sont pas revenus », a raconté Ouday Nassar, témoin du drame.
(avec AFP)
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