Quand Tinubu somme ses ministres de ne plus voyager
À compter du début du mois d’avril, le président nigérian impose, aux ministres et autres responsables gouvernementaux, une interdiction de trois mois de voyager à l’étranger avec des fonds publics. Des critiques et l’inflation sont passées par là…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 28 mars 2024 Lecture : 2 minutes.
Qui se sent morveux mouche ses ministres. Arrivé au pouvoir il y a moins d’un an, le président nigérian a déjà été critiqué pour la fréquence de ses voyages à l’étranger et surtout pour l’ampleur de ses délégations. En novembre dernier, les réseaux sociaux s’étaient ainsi émus de la validation de 400 accréditations nigérianes pour la COP28, la conférence sur le climat de Dubaï.
Au total, les déplacements nationaux et internationaux de Bola Tinubu auraient atteint 3,4 milliards de nairas (2,2 millions de dollars) pour le seul premier semestre de sa présidence…
Le chef de l’État passe-t-il d’un extrême à l’autre ? Après des mesures visant, en janvier, à une réduction significative de la taille des délégations officielles (25 pour les voyages locaux et 20 pour les voyages internationaux), Bola Tinubu a décidé d’imposer à « tous les fonctionnaires du gouvernement fédéral à tous les niveaux », à compter du 1er avril, une interdiction de voyager à l’étranger avec des fonds publics.
Serrer les cordons de la bourse
Populisme ? Les autorités évoquent les défis économiques auxquels se heurte un Nigeria qui a besoin d’une gestion budgétaire prudente. Elles insistent sur le fait que la mesure est temporaire (d’une durée de trois mois) et que des exonérations pourront être accordées, pour peu qu’un voyage à l’étranger soit jugé « essentiel » sur le plan de l’efficacité politique et après une évaluation présidentielle d’environ deux semaines.
Pris à la gorge par le coût de la vie, le Nigérian moyen a parfois l’impression que les voyages officiels sont autant d’occasions de tourisme ou d’activités parallèles, surtout depuis que la pandémie de Covid-19 a démontré que nombre de dossiers pouvaient être gérés en distanciel.
Le président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a pourtant insisté sur le caractère crucial des engagements internationaux au service des intérêts nationaux.
Une tendance continentale
D’autres pays africains ont embouché la même trompette de la réduction des budgets sans cesse croissants des déplacements des agents publics. En septembre, pour donner un répit aux caisses de l’État, c’est le Zimbabwéen Emmerson Mnangagwa qui restreignait les voyages à l’étranger de ses ministres aux « missions essentielles ». Le mois suivant, le Sénégalais Macky Sall interdisait à ses ministres d’effectuer des voyages à l’étranger, sauf en cas de « nécessité absolue ».
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