Des tribus arabes nomades « colonisent » une zone frontalière contestée

Des membres de la tribu arabe Misseriya ont commencé à occuper une partie de la région contestée d’Abyei, à la lisière du Nord et du Sud-Soudan, dans l’espoir de voter lors du référendum sur le statut de cette zone sensible, a affirmé dimanche un haut responsable politique.

Une femme membre de la tribu Misseriya à Abyei le 19 janvier 2009. © AFP

Une femme membre de la tribu Misseriya à Abyei le 19 janvier 2009. © AFP

Publié le 1 août 2010 Lecture : 2 minutes.

"La population d’Abyei est préoccupée et troublée par les colonies qui poussent à l’intérieur même des frontières d’Abyei. Ce sont les Misseriya qui s’installent dans ces régions", a déclaré lors d’une conférence de presse à Khartoum, Deng Arop kuol, administrateur en chef d’Abyei.

"Nous avons reçu des informations selon lesquelles ils ont l’intention d’installer 25.000 familles, soit jusqu’à 75.000 personnes dans ces secteurs. Nous pensons qu’il s’agit d’un phénomène organisé", a ajouté M. Kuol, affirmant que des Misseriya étaient aussi membres de milices nordistes.

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Simultanément au référendum d’indépendance du Sud-Soudan, les habitants d’Abyei doivent décider en janvier de leur rattachement au Sud ou au Nord du Soudan.

Privés de droit de vote ?

La loi référendaire d’Abyei accorde nommément le droit de vote aux membres de la tribu sudiste des Dinka Ngok et laisse le soin à la commission référendaire de décider lesquels parmi "les autres Soudanais résidant dans la région" pourront voter.

Cette loi avait ulcéré les arabes nomades Misseriya, qui migrent chaque année dans la région d’Abyei en quête de pâturage pour leur bétail, parce qu’elle ne leur garantit pas un droit de vote lors de ce référendum.

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La commission référendaire d’Abyei n’a pas encore été formée, car les représentants du Nord et du Sud Soudan ne parviennent pas à s’entendre sur son leadership. La commission ne peut donc déterminer pour l’instant si les Misseriya sont éligibles à voter lors du référendum d’Abyei.

"Les Misseriya ne devraient pas pouvoir voter lors référendum d’Abyei parce que ce ne sont pas des résidents…. ce sont des nomades", a déclaré M. Kuol.

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Des combats meurtriers en mai 2008 à Abyei avaient fait craindre le retour à la guerre civile entre le Nord et le Sud du Soudan. Les deux parties avaient décidé de porter leur différend sur la frontière de cette région sensible devant la Cour permanente d’arbitrage à La Haye.

Ce tribunal a réduit l’an dernier les frontières d’Abyei: les puits de pétrole d’Heglig ont été exclus des frontières de cette région désormais limitée au domaine ancestrale de la tribu sudiste Dinka Ngok.

Les autorités politiques au Nord et au Sud du Soudan avaient accepté la décision de la cour de La Haye, décriée toutefois par les Misseriya.

La décision de La Haye n’est pas "juste" et "définitive" et n’a "pas permis de résoudre le différend" entre les parties, a déclaré ce week-end le conseiller du président soudanais Omar el-Béchir en matière de sécurité, Salah Cos, cité par l’agence officielle Suna.

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