Au Mali, une transition sans fin ?
Alors que la période de transition s’est théoriquement achevée le 26 mars, des magistrats ont demandé des comptes à la junte d’Assimi Goïta en déposant une requête auprès de la Cour constitutionnelle.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 29 mars 2024 Lecture : 2 minutes.
Une transition est-elle toujours une transition quand un mandat « intérimaire » s’avère presqu’aussi long qu’un mandat électif ? Le 18 août prochain, cela fera quatre ans que le président élu, feu Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), a été renversé par Assimi Goïta. Un quadriennat qui devrait être atteint avant tout nouveau scrutin, le gouvernement de transition ayant annoncé, le 25 septembre 2023, le report de l’élection présidentielle initialement prévue en février.
C’est d’abord une transition de dix-huit mois qui avait été définie, avant d’être renégociée, notamment à la faveur d’une réplique putschiste en mai 2021. En juin 2022, un décret présidentiel signé par le colonel Assimi Goïta allongeait la durée de la transition de vingt-quatre mois, à compter du 26 mars 2022. Le 26 mars 2024 marquait donc officiellement la fin de la période de transition. Les militaires sont pourtant toujours en place, sans explication.
L’explication, des magistrats et des procureurs la réclament à la Cour constitutionnelle, dans la foulée d’inquiétudes exprimées par quelques partis politiques qui évoquent une « prise d’otage du pays ».
La Refsyma et l’AMPP déposent une requête
La Référence syndicale des magistrats (Refsyma) et l’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP) demandent donc à l’organe chargé d’assurer la primauté de la Constitution de reconnaître que « les autorités actuelles sont sans mandat ou pouvoir pour représenter le Mali » et d’« ouvrir une nouvelle transition incluant toutes les composantes de la nation, y compris l’armée républicaine ».
Réputées militantes par leur appartenance à la coalition d’opposition « Appel du 20 février pour sauver le Mali », les deux organisations professionnelles demandent par ailleurs « la cessation des atteintes aux libertés publiques ».
Le mirage des élections
La Refsyma et l’AMPP souhaitent le retour à l’ordre constitutionnel, par l’organisation d’élections, par « exigence de la préservation des acquis démocratiques ». Elles demandent également « la cessation des atteintes aux libertés publiques ». Le président commun de ces deux organisations, Cheick Mohamed Chérif Koné, avait déjà dénoncé une « instrumentalisation de la justice malienne ».
Pour justifier son report du scrutin présidentiel, la transition avait évoqué « des raisons techniques ». Contrairement à des pays voisins qui arguent du manque de sécurité dans les provinces pour ne pas installer des bureaux de vote, la junte malienne a démontré qu’une consultation était possible, le référendum constitutionnel ayant eu le 18 juin 2023.
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