Un prix Nobel en politique
Le lauréat nigérian du prix Nobel de littérature Wole Soyinka, pourfendeur depuis des années de la corruption et de la mauvaise gouvernance dans son pays richissime en pétrole, a annoncé mardi son intention de créer un parti politique.
Dans une brève intervention à l’occasion d’un évènement marquant son 76e anniversaire, l’écrivain a indiqué qu’il prévoyait de former un parti de "progressistes" qui participerait à l’élection présidentielle de début 2011.
Le premier auteur africain récipiendaire du Nobel de littérature, en 1986, a critiqué les dirigeants de sa génération au Nigeria, un pays gangréné par la corruption, où la majorité des 150 millions d’habitants n’ont pas ou peu d’électricité.
"Ma génération a déçu la nation", a-t-il affirmé. Il a indiqué que le nouveau parti, qu’il a décrit comme "un organe de collaboration pour les forces progressistes", verrait le jour en septembre.
Ralliement de l’ex-monsieur anticorruption
Il a appelé les Nigérians à joindre cette formation pour détrôner le Parti démocratique du peuple (PDP), qui domine largement la vie politique nigériane depuis le retour à la démocratie en 1999.
La conférence en son honneur mardi a été marquée par un discours de l’ancien chef de l’agence anticorruption nigériane, Nuhu Ribadu, revenu au Nigeria en juin après un an et demi d’exil.
Ce dernier avait fui son pays après avoir échappé à une tentative d’assassinat. Les militants anti-corruption estiment qu’il s’est mis à dos des personnalités influentes dans sa croisade contre les malversations et les abus.
"La corruption a rendue difficile la protection des seules sources de revenus de ce pays : le pétrole et le gaz", a-t-il dénoncé.
"Le résultat, c’est qu’aujourd’hui, le revenu par habitant du Nigeria est l’un des plus faibles au monde", a-t-il noté, affirmant que "les dirigeants politiques des 30 dernières années ont transformé ces sources de revenu en sources d’enrichissement personnel facile".
Nuhu Ribadu, un policier à la retraite, avait été nommé directeur de l’agence de lutte contre les crimes économiques et financiers (EFCC) en 2001, par le président Olusegun Obasanjo (1999-2007). Il a avait été démis de ses fonctions en 2007, dans des circonstances controversées.
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