Début de la campagne présidentielle dans un climat tendu
La campagne en vue de l’élection présidentielle du 9 août débute mardi. Le président sortant Paul Kagame est très largement favori. Mais la série d’attentats, d’arrestations et de meurtres ont alourdi l’atmosphère.
Paul Kagame sollicite auprès des quelque cinq millions d’électeurs un nouveau mandat de sept ans après sa première élection en 2003, même s’il est de facto à la tête du pays depuis que le Front patriotique rwandais (FPR) qu’il dirige a pris le pouvoir en chassant en juillet 1994 le régime génocidaire extrémiste hutu.
La campagne s’ouvre après cinq mois marqués par une série d’attentats à la grenade à Kigali — deux morts et des dizaines de blessés — des arrestations de responsables militaires et des mises en garde de M. Kagame sur des menaces de "coup d’Etat" fomentés par d’anciens camarades d’armes en exil.
Déséquilibre des budgets de campagne
Loué pour sa vision économique et l’indéniable transformation sociale du Rwanda, critiqué pour ses penchants autoritaires, M. Kagame, 52 ans, entamera mardi au stade national de Kigali une campagne qui coûtera au FPR 1,5 milliard de francs rwandais (environ 2 millions de dollars) issus de "contributions volontaires" de partisans, selon Christophe Bazivamo, coordinateur de la campagne.
Une fortune, comparé aux moyens des trois autres candidats en lice, comme le vice-président de l’Assemblée nationale Jean-Damascène Ntawukuriryayo dont le Parti social démocrate envisage un prêt bancaire pour mener campagne.
Le Parti libéral et son candidat, le vice-président du Sénat Prosper Higiro, sont logés à la même enseigne. La sénatrice Alvera Mukabaramba est encore moins nantie du fait de la jeunesse de son Parti du progrès et de la concorde créé en 2003.
Ces trois partis dont le discours politique ressemble à celui du FPR avaient soutenu M. Kagame lors de la présidentielle en 2003, ce qui leur vaut d’être qualifiés de "satellites" du FPR par trois formations d’opposition récemment apparues.
Ces partis, les Forces démocratiques unifiées (FDU), le Parti démocratique vert et le Parti social (PS, Imberakuri), de facto exclus du scrutin présidentiel, ont demandé en vain son report.
Les deux premières formations n’ont pas encore obtenu leur enregistrement par le pouvoir. La présidente des FDU, Victoire Ingabire, est sous contrôle judiciaire depuis le 21 avril après avoir été inculpée de négation du génocide et complicité de terrorisme. Le président du PS Bernard Ntaganda, sous le coup d’accusations similaires, est détenu depuis le 24 juin.
Quant au Parti vert, il pleure son vice-président André Kagwa Rwisereka, dont le corps quasi-décapité a été retrouvé le 14 juillet.
Dans un entretien à l’AFP fin juin, la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo avait rejeté les accusations de repression portées contre son gouvernement, et dénoncé "toutes sortes d’activités orchestrées pour créer un climat de peur à la veille des élections, mais aussi pour tenter de salir le gouvernement".
Lors d’un entretien vendredi à Madrid avec Paul Kagame, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a demandé "une enquête complète" sur le meurtre de M. Rwisereka, ainsi que sur celui le mois dernier d’un journaliste très critique contre le régime, Jean Léonard Rugambage.
M. Ban a "exprimé ses inquiétudes quant aux incidents récents qui ont causé des tensions politiques" à l’approche du scrutin. L’Union européenne, qui a décidé de ne pas envoyer d’observateurs à l’élection, a pour sa part "condamné fermement le meurtre brutal d’Andre Kagwa Rwisereka" et "pressé les autorités rwandaises d'(en) éclaircir les circonstances exactes".
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