L’opposition dénonce l’attitude va-t-en-guerre de Museveni
La Somalie s’est invitée dans la campagne pré-électorale ougandaise avec les attentats meurtriers de Kampala, l’opposition dénonçant les risques d’une implication militaire accrue à Mogadiscio prônée par le chef de l’Etat Yoweri Museveni.
Les insurgés somaliens shebab ont revendiqué le double attentat du 11 juillet à Kampala, qui a fait au moins 73 morts, en représailles à la présence militaire ougandaise en Somalie au sein de la force de paix de l’Union africaine dans ce pays, l‘Amisom.
"Les résultats de cette aventure militaire peuvent avoir des conséquences potentiellement horribles pour tout le monde", a dénoncé l’opposant ougandais, Kizza Besigye, qui devrait se présenter pour la troisième fois contre Yoweri Museveni lors de l’élection présidentielle de février 2011. "J’ai été opposé depuis le début" à cette intervention, a ajouté M. Besigye, interrogé sur la contribution de l’Ouganda à l’Amisom dès son déploiement en mars 2007. Selon lui, envoyer des troupes pour protéger un gouvernement de transition somalien qui ne contrôle que quelques quartiers de la capitale est tout simplement intenable.
Le chef du Parti conservateur ougandais, John Ken Lukyamuzi, a pour sa part estimé que les 3 500 Ougandais de l’Amisom devraient être "retirés immédiatement", jugeant la bataille contre les insurgés somaliens perdue d’avance.
"Mépris" du peuple
L’opposition au président Museveni conteste également l’absence de débat sur l’envoi de troupes dans un pays étranger et plus généralement sur la politique étrangère du pays.
M. Besigye a rappelé l’exemple du soutien de Kampala au Sud-Soudan lors de la guerre civile Nord-Sud de 1983 à 2005, qui avait conduit Khartoum à soutenir la rébellion ougandaise de l’Armée de résistance du seigneur (LRA), responsable de la mort et de l’enlèvement de plusieurs dizaines de milliers de personnes dans le nord de l’Ouganda.
"Quel que soit le bien-fondé de chacun de ces conflits, le problème, c’est le mépris réservé au travail parlementaire et par conséquent au peuple ougandais", a-t-il accusé.
Plus modéré, Bibandi Ssali, qui a occupé des fonctions gouvernementales pendant plus de 10 ans et prévoit de se présenter à la prochaine élection présidentielle, plaide pour une "attitude plus réfléchie" de l’Ouganda sur le dossier somalien.
Attitude martiale
Mais le président Museveni a adopté, après les attentats de Kampala, une attitude plus martiale que jamais, appelant à "l’élimination" des Shebab, qui ont fait voeu d’allégeance à Al-Qaïda. "Nous étions à Mogadiscio pour seulement garder le port, l’aéroport et la présidence. Maintenant ils (les Shebab) nous ont motivés pour aller les chercher", a-t-il commenté. "Nous allons passer à l’offensive pour ce qu’ils viennent de faire", a-t-il promis.
Preuve de sa détermination, le gouvernement ougandais s’est dit prêt cette semaine à envoyer 2 000 hommes supplémentaires en Somalie et a plaidé pour l’adoption d’un mandat plus offensif pour l’Amisom.
Selon un spécialiste ougandais des questions de sécurité dans la région, le gouvernement ougandais restera insensible à d’éventuelles pressions de son opinion publique ou de l’opposition et devrait au contraire adopter une attitude plus agressive à la suite des attentats. "Indépendamment de cet incident, il y avait déjà une tendance à la montée en puissance (de l’Ouganda) à Mogadiscio", selon Angelo Izama, chercheur pour le centre de réflexion ougandais Fanaka Kwa Wote.
"Je ne pense pas que ces attaques vont atténuer ce mouvement. La question sous-jacente, c’est: ‘comment vous mettez fin à la menace?’ La réponse générale, c’est le changement du statu quo en Somalie", a-t-il déclaré.
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