Au Gabon, Oligui Nguema inaugure son dialogue national

Le général Brice Clotaire Oligui Nguema lance mardi 2 avril le dialogue national censé préparer des élections en 2025, malgré des voix dissonantes.

Le président de la transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, après sa prestation de serment le 4 septembre à Libreville. © AFP

Le président de la transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, après sa prestation de serment le 4 septembre à Libreville. © AFP

Publié le 2 avril 2024 Lecture : 3 minutes.

Sept mois après le coup d’État militaire ayant mis fin à 55 ans de « dynastie Bongo », le général Brice Clotaire Oligui Nguema donne mardi le coup d’envoi du Dialogue national inclusif prévu pour durer un mois.

Le respect, jusqu’ici, d’un calendrier de deux ans pour rendre le pouvoir aux civils est salué par la communauté internationale et une grande majorité de Gabonais, pour qui le président de transition Oligui Nguema est un « héros » qui les a sauvés d’un régime « corrompu ». Mais des voix s’élèvent pour fustiger un dialogue « entre soi » qui pavera une voie royale au général vers la présidentielle.

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Nombreux appels à reporter le dialogue

La cérémonie d’ouverture de cette « consultation de toutes les forces vives de la nation » doit avoir lieu au Palais des Sports, au centre de Libreville. Les travaux des 580 participants nommés par Brice Clotaire Oligui Nguema débuteront mercredi au Stade de l’Amitié sino-gabonaise à Angondjé, dans la banlieue de la capitale.

Ces dernières semaines, les appels à reporter le DNI étaient quasi quotidiens dans la presse indépendante et dans la petite frange de l’ex-opposition qui n’a pas rallié le pouvoir militaire. En cause, d’abord, une organisation « unilatérale » et la part belle, parmi les 580 participants, faite aux militaires et aux institutions de transition nommées par le chef de l’État : gouvernement, députés, sénateurs, certains conseils municipaux et départementaux…

Si l’on inclut les 104 militaires nommés par le général Oligui, plus de 300 participants sont de facto issus d’administrations et institutions nommées par ou favorables aux autorités militaires de transition. Dans lesquelles ont été maintenus de très nombreux caciques des régimes d’Omar Bongo POndimba et de son fils Ali, renversé par les militaires qui reprochaient à son entourage familial et proche d’avoir fraudé sans retenue à la présidentielle du 26 août et pillé le pays en détournant massivement des fonds publics.

Une procédure « pas respectueuse de la démocratie »

Le chef de l’État a également choisi, pour participer au DNI, une parmi quatre personnes proposées par chacun des 104 partis légalement reconnus, dont une immense majorité a fait allégeance au général. Sur 580 participants, restent donc 217 représentants de la société civile (patronat, syndicats, retraités, jeunes, handicapés, ONG, cultes…), également nommés par décret du président mais pas forcément tous dans son camp.

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Cette procédure de désignation « n’est pas respectueuse de la démocratie », s’insurge Anges Kevin Nzigou, un opposant aux régimes Bongo et Oligui, secrétaire exécutif du Parti pour le changement (PLC), pour qui le pouvoir militaire « démontre sa volonté de contrôler de bout en bout le débat ». « Organiser un dialogue et choisir qui vient, c’est un peu comme avoir défini ce qui va être dit », renchérit Guy Pambo Mihindou, chercheur en sciences politiques à l’université de Libreville.

Les modalités de consultation du peuple promis par le général Oligui, au moyen d’un appel à contribution lancé en octobre jusqu’aux villages les plus reculés, sont également critiquées. Selon le gouvernement, 38 000 doléances et suggestions ont été recueillies. Elles devaient être synthétisées pour servir de base aux travaux du DNI, mais aucune synthèse n’a été publiée à ce jour.

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Le dialogue national n’étant pas « souverain », ses résolutions ne seront pas contraignantes, estiment aussi ses détracteurs, notamment pour la nouvelle Constitution qui sera élaborée par les députés et sénateurs nommés par le général Oligui et soumise à référendum.

Enfin, les griefs se concentrent sur l’avenir du chef de l’État : la charte de transition édictée après le putsch interdit la présidentielle de 2025 à tous les cadres des institutions de transition, à l’exception… du président Oligui. Un DNI « phagocyté » par les thuriféraires du régime militaire ne remettra pas en cause cette disposition, estiment l’opposition et les médias non gouvernementaux.

(Avec AFP)

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