Au Sénégal, une présidence bicéphale et polygame

Avec Marie Khone Faye et Absa Faye, le Sénégal compte désormais deux premières dames. Une situation à laquelle les chargés de protocole vont devoir s’adapter.

© Damien Glez

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Publié le 2 avril 2024 Lecture : 2 minutes.

Alors que les observateurs de la politique sénégalaise se demandent si Bassirou Diomaye Faye, qui a prêté serment ce lundi, va devoir composer, au palais, avec son « mentor » Ousmane Sonko, les responsables des questions protocolaires devront, eux, résoudre le casse-tête de la polygamie au sommet de l’État.

Dans l’un des pays les plus islamisés d’Afrique subsaharienne – environ 94 % des Sénégalais sont musulmans –, c’est la religion chrétienne du premier président sénégalais, Léopold Sédar Senghor, qui faisait figure d’exception. Aujourd’hui, c’est la première fois que le chef de l’État affiche ostensiblement un double mariage. En campagne électorale, Bassirou Diomaye Faye a tenu à présenter publiquement ses deux épouses, Marie et Absa. Il convola avec la première il y a quinze ans, alors que la seconde n’est sa femme que depuis une année.

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Il n’y a que dans les orchestres symphoniques qu’il peut y avoir plusieurs premiers violons. Même si le poste de première dame n’est pas essentiel dans une architecture républicaine, la nouvelle configuration de la famille présidentielle sénégalaise devrait donc conduire à des aménagements de certaines pratiques protocolaires, notamment lorsque des visites d’État avec invitation de la conjointe sont organisées à l’étranger.

La Commission des droits de l’homme de l’ONU considère toujours la polygamie comme une discrimination vis-à-vis des femmes, selon l’argument limpide que la polyandrie reste, elle, plus que largement interdite…

Le choix marital du candidat sénégalais de la rupture prolonge un débat national bien ancré, jusque dans les fictions, comme la série télévisée Polygamie. Un rapport de 2013 estimait – avec prudence – qu’environ un tiers des Sénégalais mariés vivaient en union polygame. Comme au sein de n’importe quel foyer, c’est dans l’entente entre les deux épouses que résidera finalement la sérénité de la famille.

Pas une première

D’autres pays d’Afrique de l’Ouest sont habitués à composer avec deux premières dames. Au Niger, le président Mahamadou Issoufou était à la fois marié à Lalla Malika et à Aïssata, de même que Mamadou Tandja avait épousé simultanément Laraba et Fati. Plus proche du Sénégal, le président de Gambie, Adama Barrow, est polygame mais fut contraint de désigner une « First Lady ».

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D’autres chefs d’État n’ont pas eu besoin de se convertir à l’islam pour valider leurs multiples mariages, comme Jacob Zuma. Réputés polygames furent aussi Mobutu Sese Seko, Idi Amin Dada, Omar el-Béchir, Mouammar Kadhafi ou Jean-Bedel Bokassa…

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