Abdelmadjid Tebboune rêve d’un bloc économique régional sans le Maroc

Alors que l’Union du Maghreb arabe (UMA) est paralysée depuis des années par les tensions entre ses membres, le président algérien travaille avec ses homologues libyen et tunisien à une nouvelle organisation régionale.

Abdelmadjid Tebboune © Anadolu via AFP

Abdelmadjid Tebboune © Anadolu via AFP

Salimata Kone

Publié le 3 avril 2024 Lecture : 2 minutes.

« Il y a l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique de l’Est, etc. Mais il n’y a pas de bloc nord-africain. » Dans un entretien accordé à la télévision algérienne ce 31 mars, Abdelmadjid Tebboune a confirmé la volonté de trois pays du Maghreb de créer une organisation régionale. Début mars, l’Algérie, la Tunisie et la Libye se sont réunis à Alger pour discuter de la faisabilité de leur projet. Cette entité dont le nom reste pour l’instant inconnu, souligne le président algérien, ne remplacera pas l’Union du Maghreb arabe (UMA). Elle devrait servir à afficher une position commune des pays adhérents. « Il y a un accord pour créer une entité, pas contre un des pays de l’Union du Maghreb arabe. Nous allons essayer de nous unir et de coordonner sur certains sujets. »

L’UMA, qui rassemble cinq pays d’Afrique du Nord, est paralysée depuis des années par les luttes intestines que se livrent ses membres. Fondée en 1958, elle représente un marché de plus de 100 millions de consommateurs. « Notre démarche est motivée par le vide existant actuellement au niveau régional », se justifie Abdelmadjid Tebboune.

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Tebboune table sur la croissance de l’Algérie

Le nouveau bloc se fera donc sans le Maroc, qui entretient des relations tendues avec l’Algérie. Sans nommément le citer, Tebboune pointe du doigt le lobbying intense du Royaume chérifien pour intégrer la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et le Conseil de coopération du Golfe. « Nos voisins de l’Ouest ont fait d’autres choix, sans nous consulter ». Le président algérien a toutefois rappelé que la porte restait ouverte pour tout pays voulant intégrer la nouvelle entité.

En dépit des tensions avec son voisin et de son rêve d’un Maghreb uni, le chef de l’État s’est attardé sur la situation économique de l’Algérie, principalement sur la croissance du pays. Pour lui, il est nécessaire de maintenir la croissance du pays, qui devrait s’établir à 4,2 % en 2024 selon le FMI, afin d’être un pays émergent à l’horizon 2026. « Fin 2025, nous serons fiers d’être un pays émergent avec 400 millions de dollars de PIB. »

Réduire l’inflation de 50 %

Pour atteindre cet objectif, il mise notamment sur l’agriculture qui, avec l’appui d’une politique publique adaptée, doit permettre de limiter les importations de denrées de première nécessité, qui se font selon lui « au détriment [des] capacités financières », aux besoins réels, ce qui nécessitera, notamment, des statistiques fiables. Le président algérien le concède, à ce niveau, son administration « tâtonne et c’est un problème sérieux ». « Pour la première fois, nous essayons d’établir un recensement effectif de nos richesses agricoles, qu’il s’agisse de la production céréalière, de celle de légumes secs, de cheptel, d’arbres fruitiers ou autres », a-t-il poursuivi.

La réduction de moitié de l’inflation (8 % en 2023) d’ici à 2026 est une autre des priorités d’Abdelmajid Tebboune, qui a justifié la hausse du budget de l’État – 113 milliards de dollars en 2024 contre 42 milliards de dollars en 2023 – par la hausse à venir des salaires des fonctionnaires algériens, lesquels doivent doubler d’ici à 2026-2027.

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