Humanitaires tués à Gaza : Israël admet une frappe « non intentionnelle »
Les réactions internationales se multiplient à la suite de la mort de sept humanitaires tués par l’armée israélienne. Tel-Aviv tente d’apaiser les tensions en évoquant « un incident tragique ».
Israël a admis, mardi 2 avril, être l’auteur d’une frappe « non intentionnelle », qui a tué, dans la bande de Gaza, sept collaborateurs de l’ONG World Central Kitchen. Ces derniers livraient de la nourriture au territoire palestinien assiégé et menacé de famine.
Les regrets de Netanyahou
Sise aux États-Unis, World Central Kitchen est l’une des rares ONG qui continuait de travailler dans le territoire palestinien ravagé par près de six mois de guerre entre Israël et le Hamas. Elle a annoncé « suspendre ses opérations dans la région » après la frappe survenue lundi 1er avril à Deir al-Balah (centre).
Plusieurs pays et organisations ont condamné ce raid, certains, comme le Royaume-Uni, demandant directement des « explications » à Israël, dont l’armée mène une offensive de grande envergure à Gaza en représailles à une attaque d’une ampleur sans précédent contre le sol israélien le 7 octobre 2023.
« Malheureusement, hier [lundi 1er avril], il s’est produit un incident tragique. Nos forces ont frappé de façon non intentionnelle des innocents dans la bande de Gaza », a déclaré Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, depuis l’hôpital où il a été opéré d’une hernie, le 31 mars. « Cela arrive, dans une guerre. Nous allons vérifier [les faits] jusqu’au bout, nous sommes en contact avec les gouvernements [concernés] et nous ferons tout pour que cela ne se reproduise plus jamais », a-t-il ajouté.
De son côté, WCK se dit « effondré » et confirme que sept membres de son équipe « ont été tués à Gaza dans une frappe des forces israéliennes ». « J’ai le cœur brisé. Je suis consternée que World Central Kitchen et, au-delà, le monde entier aient perdu des personnes si généreuses en raison d’une attaque ciblée des forces israéliennes », a déclaré Erin Gore, la présidente de l’ONG. Les victimes étaient « originaires d’Australie, de Pologne, du Royaume-Uni. [Il y avait aussi] un Américano-Canadien, ainsi qu’un Palestinien », selon WCK.
Le « trouble » des États-Unis
Depuis le début de la guerre, WCK a participé à plusieurs opérations humanitaires et a fourni des repas à Gaza, où la majorité des 2,4 millions d’habitants sont, selon l’ONU, menacés de famine. À la mi-mars, l’ONG avait participé à l’envoi, depuis Chypre, d’un premier bateau d’aide. Les États-Unis, principaux alliés d’Israël, se sont déclarés « profondément troublés » par ce drame et ont « exhorté Israël à promptement enquêter ».
Les victimes ont été transférées à l’hôpital de Deir al-Balah. Un correspondant de l’AFP a vu cinq corps et trois passeports étrangers auprès des dépouilles. Sur une image de l’AFP on peut voir l’une des victimes vêtue d’un T-shirt noir portant le logo de l’ONG. D’autres images montrent la carcasse du véhicule, un trou béant sur le toit, juste sur le logo de WCK.
Depuis le début de la guerre, plusieurs ONG présentes à Gaza ont soutenu que leurs employés ou leurs sites avaient été touchés par des frappes israéliennes. Dans la matinée du 2 avril, un responsable de Médecins du monde a affirmé que cette frappe contre WCK était « un message envoyé par l’armée israélienne » aux organisations humanitaires pour les empêcher d’intervenir sur le terrain.
Au moins 32 916 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées dans des opérations israéliennes, a indiqué le ministère de la Santé du Hamas, qui a précisé que plus de 70 Palestiniens avaient trouvé la mort, ces dernières 24 heures, dans les bombardements incessants d’Israël. Lundi, après dix-huit jours d’opérations, les Israéliens se sont retirés du complexe hospitalier al-Chifa, laissant derrière eux d’immenses destructions et des cadavres.
Nos soldats ont « tué plus de 200 terroristes et arrêté plus de 900 personnes suspectées de terrorisme » sur le site de l’hôpital en ruines, a souligné l’armée israélienne après avoir accusé le Hamas d’avoir utilisé l’hôpital comme « centre de commandement ».
La Défense civile de Gaza a fait état de 300 morts à l’intérieur et autour de l’hôpital. Des médecins et d’autres civils présents dans le complexe ont déclaré à l’AFP qu’au moins 20 corps avaient été retrouvés, dont certains semblaient s’être fait rouler dessus par des véhicules militaires.
L’Iran frappé à Damas
La guerre a également exacerbé les craintes d’une escalade régionale. Lundi 1er avril, 13 personnes ont été tuées dans un raid inédit, imputé à Israël, contre la section consulaire de l’ambassade d’Iran à Damas, selon la télévision d’État à Téhéran. Le Corps des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique d’Iran, y a déploré la mort de sept de ses membres, dont deux généraux de la force d’élite Qods, Mohammad Reza Zahedi et Mohammad Hadi Haji Rahimi.
L’Iran a juré de riposter au raid « du régime sioniste ». L’Union européenne a appelé à la « retenue ».
(Avec AFP)
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