Lyna Mahyem, la chanteuse franco-algérienne qui cartonne sur TikTok
Sacrée meilleure artiste 2023 sur TikTok France, Lyna Mahyem révèle le deuxième volet de « Mon âme ». Un quatrième album entre afro-pop et R&B, variétés française et arabe, qui abolit toutes les frontières.
En cette période de ramadan, la chanteuse s’économise, mais « travaille en off sur sa stratégie de communication ». Elle nous accorde un entretien en visio, et en pyjama, loin des paillettes dorées qui habillent les gants qu’elle porte sur la pochette de son quatrième opus, Mon âme, Summer vibes, à paraître en mai sur Ma belle music, son label créé en 2023. De l’écriture aux toplines (mélodies), de la composition à la production, Lyna Mahyem, 28 ans, gère tout en solo. « Avec mon équipe, quand même, nuance-t-elle, sagement assise en tailleur sur son canapé. Mais je vois une liberté absolue à travailler en tant qu’artiste indépendante. Je n’ai pas de contrainte et je ne dois pas attendre l’aval de tierces personnes avant de lancer un projet. »
Si la chanteuse franco-algérienne a le vent en poupe ces dernières semaines, c’est qu’elle a été sacrée meilleure artiste 2023 sur TikTok. Un succès qu’elle doit à un « sped up », soit la reprise de l’un de ses morceaux, « Demain », en version accélérée sur l’application préférée des ados. « C’est la créatrice de contenus Hanae, c’est important de le préciser, qui a créé une chorégraphie sur une boucle de ma chanson. La reprise a généré des milliers de vidéos partout dans le monde et a donné un second souffle à ce titre sorti en 2019 », éclaire celle qui explose aussi les compteurs sur YouTube Shorts.
À la croisée du zouk, R&B et chaâbi
En phase avec son temps et sa génération, Lyna Mahyem n’est pourtant pas une inconnue. En 2016 déjà, elle se fait un nom en revisitant sur fond de sonorités afro-pop un morceau de Booba, « 92I Veyron », 58 millions de vues sur YouTube. Elle attend ensuite quatre ans pour dévoiler un premier album, Femme forte, avant de se faire repérer en 2021 par le rappeur marseillais Jul qui l’invite à participer au Classico organisé (certifié or en France), aux côtés d’une flopée de rappeurs (masculins), comme L’Algérino et Soprano. Une collaboration qui permet à la chanteuse de se frayer un chemin dans le « game féminin », en surfant autant sur la « hype des musiques urbaines » que sur celle de la variété. Un métissage qui colore depuis ses morceaux à la croisée du zouk, du R&B et du chaâbi.
Dans Mon âme, Summer vibes, Lyna Mahyem se plaît à chanter l’amour et l’émancipation féminine en français, et à déverser des bribes d’anglais, d’espagnol, mais aussi d’arabe algérien comme sur « Zina » (« ma belle ») ou « Jamais Yensak » (« il t’oublie »), en duo avec Numidia Lezoul, chanteuse et influenceuse algérienne aux 7 millions d’abonnés sur Instagram. Une manière de réconcilier le nord et le sud de l’Afrique à travers un élan résolument pop.
« Je suis issue de ce mélange-là, souligne cette fille de commerçants algériens installés à Argenteuil, commune du Val-d’Oise située en banlieue parisienne, qui concentre une communauté algérienne importante. Dans leur boutique, mes parents recevaient toutes sortes de diasporas, et on écoutait autant la musique ouest-africaine que des airs joués à la mandole algérienne ou de la variété française », illustre cette fan de Wallen, chanteuse de R&B qui a connu un petit succès en France dans les années 2000, et d’Édith Piaf. Deux artistes qui incarnent, chacune à leur manière, la France.
« J’ai grandi dans la diversité et le partage et je suis le fruit de cette mixité, quand j’ai vu la banderole contre Aya Nakamura la sommant de rentrer à Bamako, je n’ai pas pu contenir ma colère », peste celle qui revendique son côté hybride et qui n’hésite pas à emprunter au nouchi ivoirien, en faisant « la go la go la go », comme sur « T’as capté », à la manière de l’interprète de « Djadja ». « Je pense que les Français ont du mal à accepter quand une personne a du succès, encore plus si elle vient des quartiers et si elle est immigrée », analyse-t-elle.
Fan base algérienne
Fière de ses racines argenteuillaises, Lyna Mahyem rend volontiers hommage à sa « Cité d’or », titre de l’une de ses chansons, qu’elle n’a jamais quittée. « J’y ai tous mes repères. C’est ici que tout a commencé, quand j’ai rejoint, ado, un atelier d’écriture lancé par les grands du quartier, dans un espace géré par la mairie d’Argenteuil. Tout est parti de là », relate l’autodidacte qui a appris à pianoter, à 15 ans, sur un synthé offert par son père. « La musique n’a pas d’origine, pas d’âge, pas de genre et pas de frontières. »
Si Lyna affole les statistiques en France, c’est aussi en Algérie, où elle se rend régulièrement depuis sa majorité, qu’elle consolide sa fan base. En 2019, elle fait la première partie du rappeur Anas à la Coupole, salle omnisports d’Alger, devant 4 000 personnes. « J’y suis ensuite retournée pour un meet up organisé au centre commercial Bab Ezzouar de la capitale et il y avait tellement de monde, j’ai fait des photos pendant plus de deux heures avec le public ! J’ai réalisé qu’il y avait vraiment quelque chose à faire là-bas », s’enthousiasme-t-elle. En attendant de concrétiser de nouveaux projets en Algérie, Lyna Mahymen prépare un spectacle qu’elle espère d’envergure au Zénith de Paris, en novembre 2024.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Culture
- Esclavage : en Guadeloupe, un nouveau souffle pour le Mémorial ACTe ?
- Fally Ipupa : « Dans l’est de la RDC, on peut parler de massacres, de génocide »
- RDC : Fally Ipupa ou Ferre Gola, qui est le vrai roi de la rumba ?
- Francophonie : où parle-t-on le plus français en Afrique ?
- Pourquoi tous les Algériens ne verront pas le film sur Larbi Ben M’hidi