Al Jazeera bientôt interdite en Israël par Netanyahou ?
Un texte voté le 1er avril au Parlement israélien permet d’empêcher la diffusion de médias étrangers portant atteinte à la sécurité de l’État. L’Union européenne et les États-Unis ont fait part de leur préoccupation.
« La chaîne terroriste Al Jazeera ne diffusera plus d’Israël. J’ai l’intention d’agir immédiatement […] pour arrêter les activités de la chaîne. » C’est sur X (anciennement Twitter), que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a fait son annonce, peu après le vote le 1er avril à la Knesset – le Parlement israélien – d’une loi permettant d’interdire la diffusion en Israël de médias étrangers portant atteinte à la sécurité de l’État, un texte visant la chaîne qatarie.
Après la Maison-Blanche, qui a jugé « préoccupante » cette éventuelle interdiction, l’Union européenne (UE) s’est dite « préoccupée » le 2 avril après l’adoption de ce projet de loi.
Ce texte approuvé selon une procédure accélérée et à une très large majorité par les députés (70 pour, 10 contre) donne au Premier ministre la possibilité d’interdire la diffusion de contenus de la chaîne visée mais aussi de fermer ses bureaux en Israël.
Un « organe de propagande du Hamas » accusé d’avoir participé au 7-Octobre
La chaîne de télévision qatarie Al Jazeera a dénoncé le jour du vote son éventuelle interdiction de diffusion par Israël, qualifiant les propos du Premier ministre Benyamin Netanyahu de « mensonge dangereux et ridicule ».
Al Jazeera a parlé d’une « campagne frénétique » à son encontre lancée par Netanyahou qui l’accuse de « nuire à la sécurité d’Israël » et d’avoir « activement participé à l’attaque du 7-Octobre », d’après un communiqué de la chaîne. « Le réseau Al Jazeera condamne ces déclarations et n’y voit qu’un mensonge dangereux et ridicule ».
Netanyahu a accusé Al Jazeera d’être « un organe de propagande du Hamas et d’avoir participé activement au massacre du 7-Octobre ». Et l’armée israélienne a affirmé à plusieurs reprises que des journalistes d’Al Jazeera étaient « des agents terroristes » affiliés au mouvement islamiste palestinien Hamas et à son allié du Jihad islamique à Gaza.
Plusieurs journalistes tués par Israël
La chaîne nie farouchement ces accusations et accuse Israël de cibler systématiquement ses employés dans la bande de Gaza. Plusieurs journalistes ont ainsi été tués au cours des dernières années. Le chef du bureau d’Al Jazeera dans le territoire palestinien, Wael al-Dahdouh, a été blessé par une frappe israélienne en décembre 2023 qui a tué le caméraman de la chaîne, dont le siège est au Qatar. Ce pays est aussi le lieu de résidence du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh.
De son côté, le Hamas a dénoncé dans la soirée du 1er avril dans un communiqué la résolution d’Israël « qui cherche désespérément à occulter la vérité sur ses crimes odieux, qui font honte à l’humanité, et dont le monde entier a été témoin à travers les écrans d’Al Jazeera et des médias libres ».
Le Comité de protection des journalistes (CPJ) a quant à lui indiqué sur X être « profondément préoccupé par la nouvelle législation autorisant le gouvernement Netanyahou à fermer Al Jazeera en Israël ». « Cela contribue à un climat d’autocensure et d’hostilité envers la presse, une tendance qui s’est intensifiée depuis le début de la guerre », a déclaré le CPJ.
Inquiétude internationale quant à la liberté de la presse
Les États-Unis, proche allié d’Israël, ont estimé qu’une éventuelle interdiction d’Al Jazeera en Israël serait « préoccupante ». « Je vais vous renvoyer vers Israël sur ce qu’ils envisagent de faire mais […] si c’est vrai, une telle décision serait préoccupante », a dit la porte-parole de l’exécutif américain Karine Jean-Pierre, ajoutant : « Nous croyons à la liberté de la presse« .
Peter Stano, porte-parole de l’UE pour les Affaires étrangères, a assuré mardi soir que « l’Union est préoccupée par la législation récemment adoptée, qui confère au gouvernement israélien des pouvoirs temporaires lui permettant d’empêcher des médias étrangers d’opérer en Israël ». « La liberté de la presse doit être garantie partout, y compris dans les contextes de guerre », a-t-il ajouté.
« Trop de journalistes ont perdu la vie et des centaines ont été blessés depuis le début du conflit à Gaza le 7-Octobre. Nous condamnons fermement les assassinats de journalistes et rappelons la nécessité de garantir leur accès, leur sécurité et leur protection à tout moment », a-t-il ajouté, sans faire référence directement à Al Jazeera.
(Avec AFP)
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