Hommage à Marcel Mensah Kodjo, banquier et dernier directeur d’Air Afrique
Il aura été le dernier directeur général d’Air Afrique avant la liquidation de la compagnie, en 2002. Marcel Mensah Kodjo s’est éteint le 23 mars, à Paris. Son ami Noël Guetat évoque sa mémoire.
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Noël Guetat
Président d’honneur de l’Association des anciens élèves africains diplômés de l’ENA de Paris
Publié le 4 avril 2024 Lecture : 2 minutes.
J’ai connu Marcel Mensah Kodjo au début de l’année 1995, à ma sortie de l’École nationale d’administration (ENA) de Paris, établissement qu’il avait lui-même fréquenté un quart de siècle plus tôt au sein de la promotion Robespierre (1970), où il eut comme condisciples Jacques Attali et Philippe Séguin.
Un érudit proche de Ouattara
Je ne m’appesantirai pas sur sa riche carrière professionnelle, qui est bien connue. Que ce soit à la BCEAO ou au sein de la Commission bancaire, Marcel Mensah Kodjo a fait l’objet d’appréciations élogieuses tant de la part des nombreux cadres qu’il y a formés – et qui le gratifiaient du titre de « maître » – que de la part de ses pairs de l’époque, au nombre desquels figurait Alassane Ouattara, actuel président de la Côte d’Ivoire. De leur rencontre au siège parisien de la BCEAO est née une longue amitié.
J’aimerais davantage évoquer le Marcel Mensah Kodjo qu’en raison de sa légendaire discrétion seuls les intimes connaissaient. Chez lui, une compétence professionnelle incontestée côtoyait une brillante érudition et un goût artistique très sûr. Marcel Mensah Kodjo était un esthète, un homme de culture – un homme des cultures –, tout aussi à l’aise dans l’univers culturel africain et ses représentations outre-mer qu’avec les cultures du reste du monde.
Homme de synthèse, il pouvait, avec un égal bonheur, écouter aussi bien la musique du folklore Mina que La Traviata, de Verdi – lui, l’amateur d’opéra. Être citoyen du monde ne l’empêchait pas d’être profondément panafricain. Il avait ainsi vécu la fin d’Air Afrique, ce symbole de l’intégration africaine, comme un chemin de croix. Lui qui, pour des raisons familiales et professionnelles, avait jeté l’ancre en Côte d’Ivoire, sa terre d’adoption, vivait le panafricanisme au quotidien. Un panafricanisme éloigné de tout lyrisme, un panafricanisme rationalisé, comme le disait un autre énarque, Edem Kodjo (promotion Blaise Pascal, 1964), ce grand frère qu’il avait tant aimé et admiré et dont le décès l’avait beaucoup affecté.
Chaleur humaine et sens de l’amitié
Mais, par-dessus tout, ce que je retiens de Marcel Mensah Kodjo, avec beaucoup d’émotion et une profonde gratitude, c’est sa chaleur humaine qui le disputait, chez lui, au sens profond de l’amitié. Il m’avait, en toute simplicité, honoré de son amitié alors qu’il aurait pu, à juste titre, revendiquer le privilège de l’âge et de l’expérience pour établir plus de verticalité de nos relations. Il n’en fut rien, tout au contraire. Pendant que je m’abreuvais au puits de science qu’il représentait, je sentais qu’il était un aîné qui avait plaisir à deviser avec son cadet.
Au moment de clore mon hommage à Marcel, j’ai une pensée pour son épouse, Paule, pour ses filles, Valérie et Bénédicte, et pour ses petits-enfants, qu’il a tant aimés. Soyez fiers de lui. Que Dieu Tout-Puissant, en qui Marcel a toujours eu foi, vous fortifie et vous console en ces moments difficiles. Et qu’Il l’accueille en son paradis.
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