Humanitaires tués à Gaza : Biden va s’entretenir avec Netanyahou

Le dernier échange entre le Premier ministre israélien et le président des États-Unis remonte au 18 mars. La mort dans une frappe israélienne de sept travailleurs humanitaires de l’ONG World Central Kitchen a encore accru le mécontentement américain.

L’un des véhicules de l’ONG World Central Kitchen (WCK), après qu’il a été bombardé par Israël, le 1er avril 2024. © Ashraf Amra / ANADOLU / Anadolu via AFP.

L’un des véhicules de l’ONG World Central Kitchen (WCK), après qu’il a été bombardé par Israël, le 1er avril 2024. © Ashraf Amra / ANADOLU / Anadolu via AFP.

Publié le 4 avril 2024 Lecture : 4 minutes.

Les dirigeants américain Joe Biden et israélien Benyamin Netanyahou doivent se parler au téléphone ce 4 avril, trois jours après qu’une frappe israélienne a tué des humanitaires étrangers à Gaza, fissurant un peu plus les relations entre Washington et son allié. Après avoir été diffusée dans la presse, l’information a été confirmée par un responsable américain dans la soirée du 3 avril.

La dernière conversation entre les deux dirigeants remonte au 18 mars, dans un contexte déjà tendu face à la dégradation de la situation humanitaire dans le territoire palestinien soumis à des bombardements incessants depuis près de six mois. Les relations se sont encore crispées depuis, Washington ayant permis le vote par le Conseil de sécurité de l’ONU à la fin de mars d’une résolution appelant à un « cessez-le-feu immédiat » rejeté par Israël.

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La mort dans une frappe israélienne le 1er avril de sept travailleurs humanitaires de l’ONG World Central Kitchen localisée aux États-Unis et ravitaillant la population gazaouie affamée, a encore accru le mécontentement américain. Biden s’est publiquement « indigné » de cette frappe et a estimé qu’Israël n’en faisait « pas assez » pour protéger les volontaires venant en aide à la population civile à Gaza.

L’ONG Human Rights Watch (HRW) a estimé que la frappe israélienne avait « les caractéristiques d’une frappe aérienne de précision, ce qui indique que l’armée israélienne avait l’intention de frapper ces véhicules ».

Frappe « tragique » et « grave erreur »

Les dépouilles des six Occidentaux (une Australienne, un Polonais, un Américano-canadien et trois Britanniques), qui ont été tués avec un humanitaire Palestinien, ont été transférées mercredi en Égypte, où elles ont été remises aux représentants de leurs pays respectifs.

L’armée israélienne a fait son mea culpa, son chef d’état-major Herzi Halevi reconnaissant « une grave erreur » qui « n’aurait pas dû se produire ». Netanyahou a pour sa part évoqué une frappe « tragique », sans toutefois manifester d’intention d’infléchir le cours des opérations à Gaza, où il a juré de neutraliser le Hamas après l’attaque perpétrée par le mouvement islamiste palestinien le 7-Octobre.

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Le dirigeant israélien se retrouve toutefois soumis à une pression accrue de sa propre opinion publique et fait face à des manifestations à répétition d’opposants et de familles d’otages en colère.

Dans la soirée du 3 avril, le dirigeant d’opposition Benny Gantz, membre du cabinet de guerre et rival principal de Netanyahou, a appelé à des élections législatives anticipées en septembre, approuvé par le chef de la majorité démocrate au Sénat américain, Chuck Schumer.

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Une majorité d’Américains désapprouvent l’opération israélienne

Depuis l’attaque du 7-Octobre, Joe Biden a offert un soutien inébranlable à l’offensive menée par Israël dans le petit territoire palestinien. Mais le démocrate de 81 ans, qui briguera sa réélection en novembre, fait face à des appels toujours plus pressants pour répondre à la catastrophe humanitaire en cours à Gaza.

Selon un sondage Gallup mené au début du mois de mars, 55 % des Américains désapprouvent désormais l’opération militaire israélienne, contre 45 % en novembre 2023. Le chef de l’État a refusé jusqu’ici de poser des conditions à l’aide militaire américaine à Israël, et demande que tout cessez-le-feu soit lié à une libération des otages encore détenus dans le petit territoire palestinien.

Les opérations israéliennes menées à Gaza en représailles du 7-Octobre ont fait au moins 32 975 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Depuis le début de la guerre, 196 travailleurs humanitaires ont été tués à Gaza, dont 175 de l’ONU, selon le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, qui ne cesse d’appeler à un cessez-le-feu.

Pénuries multiples et opérations humanitaires suspendues

De retour d’une mission à Gaza, Dominic Allen, représentant du Fond des Nations unies pour la population (Unfpa), a jugé la situation « pire que catastrophique » dans le territoire où l’aide humanitaire, strictement contrôlée par Israël, n’entre qu’au compte-gouttes.

« Les livraisons de farine sont retardées et il y a une pénurie […] Il y a aussi une pénurie de légumes, de viande et d’autres produits essentiels comme les légumineuses, les lentilles et les pois chiches », a relevé le 3 avril un habitant de Gaza-Ville venu tenter de récupérer des denrées alimentaires et qui n’a pas donné son nom.

« Nous dormons dans la rue, dans le froid, sur le sable, endurant des épreuves pour assurer la nourriture de nos familles, en particulier de nos jeunes enfants », a témoigné un autre Gazaoui.

À la suite de la frappe dont elle a été victime, World Central Kitchen, qui fournissait quotidiennement des repas à Gaza, a annoncé suspendre ses opérations, accroissant encore les craintes pour la situation alimentaire des quelque 2,4 millions d’habitants. À la suite de cette annonce, un second bateau chargé d’aide humanitaire est retourné à Chypre, d’où il était parti, alors qu’il était parvenu au large de Gaza, selon le site Vesselfinder.

(avec AFP)

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