Corruption : Technip solde ses comptes
Les autorités américaines ont annoncé lundi que le groupe français de services pétroliers Technip avait accepté de payer des amendes cumulées de 338 millions de dollars pour solder des poursuites liées à des faits de corruption au Nigeria.
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Logo du groupe français de services pétroliers Technip. © AFP
Technip devra verser 240 millions de dollars pour solder des poursuites du ministère de la Justice au pénal. En outre, le groupe s’acquittera de 98 millions de dollars pour solder les poursuites intentées par les autorités boursières américaines (Securities and Exchange Commission, SEC).
Selon la SEC, "Technip faisait partie d’une coentreprise avec trois autres sociétés qui s’est livrée à la corruption de responsables gouvernementaux nigérians durant une période de 10 ans afin d’obtenir des contrats d’une valeur dépassant les six milliards de dollars".
Un partenaire américain de Technip, KBR, et sa maison-mère Halliburton, avaient déjà soldé les poursuites liées à ces faits, qui remontent à la période 1995-2004, avec une amende de 402 millions de dollars. Il s’agissait de contrats pour construire des installations de gaz naturel liquéfié sur le site de Bonny Island. "La corruption était une pratique tellement bien acceptée que la coentreprise avait formé un ‘comité culturel’, un euphémisme, où se discutaient ouvertement les pots-de-vin, et où ils étaient approuvés et enregistrés", a souligné un responsable de la SEC, Robert Khuzami, cité dans un communiqué.
Les autorités ont expliqué que Technip tombait sous le coup de la loi américaine parce qu’elle a eu des titres cotés aux États-Unis entre 2001 et 2007. Le groupe français détenait 25 % du consortium mis en cause, aux côtés de KBR et de deux sociétés italienne et japonaise.
Dès le mois de février, Technip avait annoncé avoir passé une provision de 245 millions d’euros dans ses comptes en vue du règlement à l’amiable d’une affaire de corruption aux États-Unis, destiné à "tourner la page sur ce problème du passé".
Plus de 180 millions de dollars de pots-de-vin
"Bien que le montant à verser soit significatif, Technip pourra poursuivre son activité normalement", avait précisé le groupe. Technip s’est engagé en outre à mettre en place un système de surveillance indépendant pendant deux ans et à participer aux enquêtes en cours de la justice.
La SEC a précisé que Technip n’avait ni reconnu ni nié les faits qui lui sont reprochés, et que les 98 millions d’amende que le groupe avait accepté de verser, dans un accord soumis à l’approbation de la justice, correspondaient aux gains mal acquis dans cette affaire. "À des moments-clé précédant l’octroi des contrats, un haut responsable de Technip, l’ex-directeur général de KBR ‘Jack’ Stanley et d’autres rencontraient les responsables successifs d’un bureau de haut niveau du gouvernement nigérian pour leur demander avec qui négocier les pots-de-vin", selon les informations du ministère de la Justice.
La justice américaine n’a pas encore clos ce dossier : le ministère a indiqué qu’il réclamait l’extradition de Grande-Bretagne de deux figures clés du dossier, Jeffrey Tesler et Wojcieh Chodan. Selon les autorités américaines, Technip avait chargé M. Tesler et une société commerciale japonaise de distribuer des pots-de-vin, à "toute une gamme de responsables gouvernementaux nigérians, y compris des responsables au plus haut niveau de l’exécutif". Au total ces intermédiaires avaient reçu plus de 180 millions de dollars.
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