En RDC, un gouvernement formé à train de sénateur
Si la Première ministre congolaise ne devrait pas empêcher son président de dormir, le gouvernement qu’ils doivent constituer ensemble leur amène quelques insomnies. La lenteur de la composition agace certains.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 5 avril 2024 Lecture : 2 minutes.
Théoricien italien de la mécanique du pouvoir, Nicolas Machiavel aurait sans doute adoubé Félix Tshisekedi, le président de la RDC, qui parvint à naviguer, en un seul quinquennat, d’un pacte surprise avec son ancien adversaire, Joseph Kabila, au concept d’ »Union sacrée ». Réélu il y a quelques mois, “Fatshi” ne semble pourtant pas avoir trouvé la recette miracle.
La dernière présidentielle date du 20 décembre, mais le premier gouvernement du deuxième (et dernier) mandat de Tshisekedi est toujours en construction, ce qui fait dire au poil à gratter du microcosme politique congolais que ça n’a que trop duré. Pour l’impertinent cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, la très récente nomination de Judith Tuluka Suminwa au poste de Première ministre est déjà tardive. Alors que dire du gouvernement qui est toujours dans les tuyaux ?
Équilibrisme
Si la cheffe de l’équipe gouvernementale en gestation affirme – comme l’usage le voudrait en pareille situation – vouloir agir rapidement, elle sait qu’elle n’a pas été nommée pour faire de l’ombre à celui qui l’a propulsée. Ce manque annoncé de contradiction désole déjà la plateforme politique d’opposition Lamuka.
Dans la composition de son staff, la première Première ministre doit respecter les équilibres idéologiques et géographiques issus des récents scrutins, de même que les appétits individuels de figures politiques influentes en droit de réclamer un renvoi d’ascenseur. La majorité parlementaire n’est pas seulement constituée du parti présidentiel, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
Se hâter lentement
Depuis son siège temporaire de l’hôtel Fleuve Congo, l’ancienne ministre du Plan consulte donc les ministrables et les éminences grises, tentant de ménager la chèvre des tshisekedistes purs et durs et le chou des forces politiques d’appoint. Si le fait qu’elle soit la première femme à ce poste enthousiasme encore la gent féminine, l’intéressée sait ne pas pouvoir compter sur un long état de grâce. Attendre le nouveau gouvernement n’est pas du goût des impatients. La situation de la RDC préoccupe, notamment le contexte sécuritaire dans l’est du pays.
Un membre de l’entourage du chef de l’État aurait tenté de rassurer les plus inquiets en jurant que la composition du nouveau gouvernement serait dévoilée avant la fin du mois. Une célérité toute relative, quand on sait que Judith Tuluka Suminwa a été nommée au tout premier jour d’avril.
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