Joe Biden met la pression sur Netanyahou pour aider Gaza

Israël a annoncé vendredi 5 avril autoriser la livraison « temporaire » d’aide dans la bande de Gaza, assiégée et menacée de famine, via le port d’Ashdod et le point de passage d’Erez, au lendemain d’une mise en garde inédite de son grand partenaire américain.

Le président Joe Biden le 4 avril à la Maison Blanche. © Photo by Bryan Olin Dozier / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Le président Joe Biden le 4 avril à la Maison Blanche. © Photo by Bryan Olin Dozier / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Publié le 5 avril 2024 Lecture : 4 minutes.

Cette annonce survient au moment où la pression internationale s’accentue sur le gouvernement israélien, le président des États-Unis, Joe Biden, ayant évoqué jeudi 4 avril pour la première fois la possibilité de conditionner l’aide américaine à Israël à des mesures « tangibles » face à la catastrophe humanitaire à Gaza.

Le cabinet de sécurité israélien a approuvé des « mesures immédiates pour augmenter l’aide humanitaire à la population civile dans la bande de Gaza », a déclaré le bureau du Premier ministre Benyamin Netanyahou dans un communiqué. « Cette aide accrue permettra d’éviter une crise humanitaire et est nécessaire pour assurer la poursuite des combats et atteindre les objectifs de la guerre », a-t-il ajouté.

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Selon ce communiqué, Israël annonce autoriser l’acheminement « temporaire » d’aide humanitaire par le port israélien d’Ashdod, à environ 40 km au nord de la bande de Gaza, et par le point de passage d’Erez, entre le territoire palestinien et le sud d’Israël. Les autorités israéliennes vont aussi permettre « l’augmentation de l’aide jordanienne par Kerem Shalom », poste-frontière du sud d’Israël.

Antony Blinken rappelle que « 100 % de la population a besoin d’aide humanitaire » à Gaza

En plein drame humanitaire à Gaza, la mort, lundi 1er avril, de sept travailleurs de l’ONG World Central Kitchen (WCK) dans des frappes israéliennes a accru le mécontentement international. Dans un entretien à la BBC, John Flickinger, le père d’un des humanitaires tués – le Canado-Américain Jacob Flickinger – a affirmé que son fils et ses collègues « suivaient toutes les règles et les procédures, qui sont très strictes, qu’Israël leur transmettait ». Sur la chaîne ABC, la compagne de Jacob Flickinger, Sandy Leclerc, s’est dite « dévastée » et a demandé des « réponses ».

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a rappelé jeudi que « 100 % de la population a besoin d’aide humanitaire » à Gaza. « Et ceux qui se mobilisent de façon héroïque pour fournir cette assistance le font au péril de leur vie », a-t-il déclaré en marge d’une cérémonie de l’Otan à Bruxelles. « L’horrible attaque de cette semaine contre World Central Kitchen n’était pas la première de ce genre. Elle doit être la dernière », a-t-il insisté. L’ONG a annoncé suspendre ses opérations à Gaza, accroissant les craintes pour les 2,4 millions d’habitants.

Open Arms, l’organisation espagnole qui avait affrété avec WCK le premier bateau d’aide humanitaire arrivé à Gaza en mars, a dit jeudi suspendre « la mission dans le couloir humanitaire vers la bande de Gaza avec World Central Kitchen », à la suite des frappes.

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Les États-Unis exigent une « augmentation spectaculaire » de l’aide humanitaire

Premiers soutiens militaires d’Israël, les États-Unis ont exigé jeudi de leur proche partenaire une « augmentation spectaculaire » de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, espérant voir des mesures concrètes prises « dans les heures et jours qui viennent ».  Après l’annonce du gouvernement israélien, la Maison Blanche l’a appelé à tenir ses promesses en les mettant « rapidement et complètement » en œuvre.

Joe Biden, critiqué par une partie de son électorat pour son soutien inconditionnel à Israël, a aussi pressé jeudi Benyamin Netanyahou de conclure « sans délai » un accord pour un cessez-le-feu, alors que les négociations sur la fin des violences ainsi que la libération des otages piétinent, près de six mois après le début du conflit.

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La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée après l’attaque sans précédent de commandos du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre dans le sud d’Israël. Elle a entraîné la mort de 1 170 personnes du côté israélien, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. Plus de 250 personnes ont été enlevées au cours de l’agression et emmenées comme otages dans la bande de Gaza, où 130 sont toujours détenues. Parmi elles, 34 seraient mortes, selon l’armée israélienne.

MSF, Oxfam, Médecins du monde dans l’impossibilité de travailler

En représailles, Israël mène des opérations militaires dans le territoire palestinien, s’étant juré d’anéantir le Hamas, qui y a pris le pouvoir en 2007 et qui est considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, Israël et l’Union européenne notamment. Plus de 33 000 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Alors que « 31 enfants de Gaza sont morts de faim et de déshydratation » selon le Croissant rouge palestinien, le Conseil de sécurité de l’ONU doit tenir vendredi une réunion sur le risque de famine et la situation des travailleurs humanitaires à Gaza. Jeudi, Médecins sans frontières (MSF), Oxfam, Médecins du monde et Save the Children International ont alerté sur leur quasi impossibilité de travailler à Gaza. Depuis le début de la guerre, près de 200 humanitaires ont été tués, selon Christopher Lockyear, secrétaire général de MSF.

La communauté internationale – y compris les soutiens traditionnels d’Israël – ne cesse de l’exhorter à protéger les civils et travailleurs humanitaires à Gaza, alors que Benyamin Netanyahou entend lancer une opération terrestre à Rafah (sud), où s’entassent près de 1,5 million de Palestiniens déplacés par les combats, selon l’ONU.

Pour apporter leur aide, plusieurs pays effectuent notamment des parachutages, mais cette méthode, risquée pour la population, ne peut se substituer aux routes terrestres, insiste l’ONU.

Selon une étude d’Oxfam parue jeudi, la population du nord de la bande de Gaza survit alors que « moins de 12 % [de ses] besoins caloriques quotidiens moyens » sont satisfaits.

(Avec AFP)

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