Au Gabon post-Bongo, Dabany perd patience
Le 2 avril, l’ancienne première dame gabonaise, Patience Dabany, a déposé une plainte contre huit hauts responsables du Parti démocratique gabonais, dont elle fut la cofondatrice. Elle dénonce des « troubles illicites ».
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 6 avril 2024 Lecture : 2 minutes.
« Lorsqu’on a de tels amis, on n’a pas besoin d’ennemis », dit la pensée populaire. Alors que le Gabon n’a que les mots « dialogue national » à la bouche, plus de sept mois après un coup d’État qui a porté sur les fonts baptismaux le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), Patience Dabany n’imaginait sans doute pas qu’elle cognerait son front contre ceux de ses anciens amis.
Chanteuse à succès, première dame puis « reine mère » d’un président Bongo fils de président Bongo, elle aurait espéré plus de déférence. Début mars, le Parti démocratique gabonais (PDG) démettait le déchu Ali Bongo de sa présidence. Dans la foulée, lors d’une séance publique à laquelle participait la mère de l’ancien chef d’État, les instances du parti radiait celle-ci de ses rangs…
Angélique Ngoma, Alain-Claude Bilie-By-Nze…
Remontée contre l’ancien parti au pouvoir, Patience Dabany vient de lancer, le 2 avril, une procédure pour « troubles illicites ». Elle cible en particulier huit hauts responsables du PDG, dont la secrétaire générale Angélique Ngoma et l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze. Faisant vibrer la corde du respect dû à toute mère, l’avocat de la plaignante décrit les comportements des anciens « bongoïstes » moins comme « un baiser de Judas » que comme « un baiser de ses huit enfants ». Et Me Jean-Paul Moumbembé de décrire sa cliente « en larmes ».
Moins puisé dans la sensiblerie, l’argumentaire de la procédure judiciaire repose sur une présumée violation des statuts du parti, dans la procédure employée. Le conseil de Patience Dabany affirme qu’avant d’être radiée, celle-ci aurait dû être convoquée devant la commission permanente. Par ailleurs, bien qu’annoncée en public et en sa présence, la décision n’aurait pas été formellement notifiée. Ce sont ces entorses qui seraient à l’origine de l’emploi énigmatique du mot « troubles »…
En attendant une audience devant le tribunal de première instance, le 9 avril, la nouvelle équipe dirigeante du PDG affirme ne pas se sentir concernée par ces règlements de compte d’anciens caciques. Pas sûr que ce linge sale lavé en dehors de la famille PDG conduise à une réhabilitation du clan Bongo dans le cœur des Gabonais… Pour l’heure, le Gabon nouveau d’un autre ancien bongoïste, le président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema, forme les participants du dialogue national gabonais dont les travaux doivent se tenir au stade de l’Amitié sino-gabonaise.
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