Montage photo avec, de g. à dr. et de bas en haut : l’ancien président du Liberia, George Weah, le fondateur d’Ivanhoe Mines, Robert Friedland, le chef d’État libérien, Joseph Boakai et le président déchu de Guinée, Alpha Condé. © MONTAGE JA : UNESCO ; Rodrigo Garrido/REUTERS ; Vincent Fournier/JA ; JACK GUEZ/AFP ; Susan Walsh/AP/SIPA
Montage photo avec, de g. à dr. et de bas en haut : l’ancien président du Liberia, George Weah, le fondateur d’Ivanhoe Mines, Robert Friedland, le chef d’État libérien, Joseph Boakai et le président déchu de Guinée, Alpha Condé. © MONTAGE JA : UNESCO ; Rodrigo Garrido/REUTERS ; Vincent Fournier/JA ; JACK GUEZ/AFP ; Susan Walsh/AP/SIPA

De la Guinée au Liberia, comment Robert Friedland (dé)mine le Mont Nimba

Après que le milliardaire américano-canadien a trouvé du cuivre à Kamoa-Kakula, en RDC, en 2009, il s’est aventuré en Guinée, à la frontière du Liberia et de la Côte d’Ivoire. Désormais dos au mur dans le gisement du Mont Nimba, le magnat des mines use de tous les canaux pour mettre son fer sur les rails.
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Publié le 5 avril 2024 Lecture : 2 minutes.

Montage photo avec, de g. à dr. et de bas en haut : l’ancien président du Liberia, George Weah, le fondateur d’Ivanhoe Mines, Robert Friedland, le chef d’État libérien, Joseph Boakai et le président déchu de Guinée, Alpha Condé. © MONTAGE JA : UNESCO ; Rodrigo Garrido/REUTERS ; Vincent Fournier/JA ; JACK GUEZ/AFP ; Susan Walsh/AP/SIPA
Issu de l'enquête

Mines : Robert Friedland et les impasses du Mont Nimba

Si le milliardaire américano-canadien a trouvé du cuivre dans la mine congolaise de Kamoa-Kakula en 2009, son aventure ouest-africaine à la frontière de la Guinée, du Liberia et de la Côte d’Ivoire s’annonce plus compliquée. Dos au mur dans le gisement du Mont Nimba, le magnat des mines use de tous les canaux pour mettre son fer sur les rails.

Sommaire

L’histoire de Robert Friedland est celle d’un homme que rien ne prédestinait à devenir le magnat que l’on connaît aujourd’hui. Né aux États-Unis de parents rescapés de la Shoah, il se lance dans les années 1980 dans son premier projet minier. Mais si la mine d’or à ciel ouvert de Summitville fait connaître le nom de ce fils d’ouvriers au secteur, le véritable coup d’éclat de Friedland se déroule au début des années 2000. Le financier, alors canadien depuis une quinzaine d’années, parie sur le gisement de cuivre d’Oyu Tolgoï, dans le désert de Gobi, en Mongolie, à une centaine de kilomètres de la frontière chinoise. Sa mise initiale de 5 millions de dollars lui rapporte gros : en 2012, son groupe, Ivanhoe Mines, pèse près de 13 milliards de dollars (12 milliards d’euros) à la Bourse de Toronto.

Robert Friedland, qui a étendu au cours de ces années son réseau, notamment en Chine, veut plus. C’est du côté de l’Afrique centrale qu’il va épancher sa soif, plus particulièrement en RDC. Il y trouve en 2009 du cuivre et du cobalt à Kamoa-Kakula, qu’il exploitera, avec, à partir de 2019, l’appui du président congolais Félix Tshisekedi. En parallèle, le milliardaire a le regard tourné vers l’ouest du continent, en Guinée. Après une tentative ratée de reprendre le gisement de fer de Zogota, contrôlé par BHP, il met la main sur celui du Mont Nimba, avec l’aval d’un autre président, Alpha Condé. La Société des mines de fer de Guinée (SMFG) est née.

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Mais rien ne se déroule comme prévu pour le gourou des mines. Pour commercialiser son fer, il doit passer par le Liberia, alors dirigé par George Weah, qui ne tient guère ses promesses quand il s’agit de discuter avec ArcelorMittal, maître du seul corridor ferroviaire qui relie le Mont Nimba au port de Buchanan, malgré les dizaines de millions versés à Monrovia par Ivanhoe. D’autant que dans le même temps, les choses se sont compliquées en Guinée, depuis 2021 aux mains de la junte de Mamadi Doumbouya, tombeur d’Alpha Condé.

Robert Friedland, qui est plutôt du genre à déléguer la gestion sur place de ses entreprises, reprend le dossier en main. Une nouvelle direction est nommée à la tête de la SMFG, et un nouveau ministre des Mines en Guinée. L’étau se desserre. Reste le Liberia, où Weah n’a pas été reconduit, l’ancien vice-président Joseph Boakai (2006-2018) lui ayant été préféré. Avec ce dernier, les discussions semblent plus faciles. Cette fois, celui que le secteur surnomme le « magicien minier en terrain risqué » a sorti le grand jeu : un projet pharaonique à 5 milliards de dollars pour mettre son fer sur les rails. Mais le chef de l’État tiendra-t-il ses promesses ?

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