Enquête : ce que veulent les jeunes avocats africains

Une quinzaine de jeunes avocats africains, travaillant au sein des meilleurs cabinets parisiens, ont accepté de répondre à un questionnaire proposé par « Jeune Afrique » dans le cadre de son enquête annuelle sur les avocats d’affaires. Une tendance forte se dessine : leur travail actuel est souvent considéré comme un tremplin pour le retour en Afrique.

Cédric Sinarinzi, président de l’African Business Lawyer’s Club. © Camille Millerand/JA

Cédric Sinarinzi, président de l’African Business Lawyer’s Club. © Camille Millerand/JA

Publié le 20 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Dans le cadre de l’enquête annuelle sur les avocats d’affaires proposée par Jeune Afrique, une quinzaine d’avocats d’origine africaine, âgés en moyenne de 28 ans, ont accepté de répondre au questionnaire proposé pour mieux connaître leurs motivations et leurs projets. L’African Business Lawyer’s Club (ABLC), une association de jeunes professionnels du droit des affaires d’origine africaine, a permis de recueillir ces réponses sous condition d’anonymat.

Ils ont choisi le droit des affaires comme levier de changement économique et social pour l’Afrique.

La plupart des jeunes avocats africains interrogés cumulent plusieurs diplômes parmi les plus prestigieux que l’on peut obtenir en France et à l’international. Il s’agit par exemple du Master 2 de Droit des affaires de l’Université Panthéon-Assas Paris II, souvent doublé d’une grande école de commerce comme HEC ou l’Essec, d’un diplôme obtenu à Sciences-Po ou encore d’un Master of Laws (LL.M) des meilleures universités anglo-saxonnes (LSE, NYU, UCLA). Ils ont choisi le droit des affaires pour la nature complexe des opérations traitées, mais aussi comme levier de changement économique et social pour l’Afrique. Certains mentionnent également le choix du droit en lien avec leur attirance pour la politique.
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En effet la question du développement de l’Afrique est récurrente. Même si beaucoup d’entre eux ne travaillent pas exclusivement sur des dossiers africains, voire pas du tout mais c’est plus rare -, certains ont sciemment choisi tel cabinet plutôt que tel autre en raison de la possibilité de travailler avec le continent. Une possibilité d’ailleurs qualifiée de « critère majeur » par l’un d’entre eux. Cependant, la proportion de temps passé sur les dossiers africains ne dépasse que très rarement les 50%, preuve que ces jeunes juristes sont embauchés au même titre que leurs collaborateurs, toutes origines confondues. Presque tous envisagent de revenir en Afrique un jour et, le plus souvent, dans un avenir proche, compris entre deux et cinq ans, au maximum dix ans.

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Stabilité politique

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Pour cela, il faut cependant que le pays d’accueil, qui ne sera pas nécessairement le pays d’origine, présente certaines caractéristiques ; la stabilité politique est jugée fondamentale. « On pourrait aussi citer l’amélioration de la gouvernance économique et politique, mais ceux qui rentrent auront un rôle important à jouer dans cette évolution », souligne l’un des sondés. Et même si certains envisagent de rentrer seul, à l’image de Salimatou Diallo en Guinée, ils sont nombreux à faire part de leur envie de ne pas tenter l’aventure seul. Le retour semble présenter un choix de carrière rationnel lié à une forte volonté d’entreprendre. Pour l’un d’entre eux, « clairement, s’il fallait choisir entre fonder un cabinet en Afrique et diriger le bureau local d’un cabinet international, j’opterais pour la première solution ».

Quant au domaine d’application de leurs talents, il s’agit en premier lieu du droit, mais certains envisagent de travailler dans des fonds de capital-investissement ou au sein de bailleurs de fonds internationaux, un autre domaine dans lequel l’influence sur le développement est jugée immédiate. Mais les motivations politiques ne sont pas non plus étrangères à l’envie de rentrer. Avant tout, c’est « l’amour de mon continent » qui pousse au retour, pour reprendre les mots d’un junior guinéen. Un « devoir » pour cet avocat camerounais.

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Retrouvez l’intégralité de l’enquête annuelle sur les avocats d’affaires dans le numéro 2754 de Jeune Afrique (daté du 20 au 26 octobre)

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