« Révolution » au Sénégal, génocide au Rwanda, Première ministre en RDC… Les 5 infos qu’il ne fallait pas manquer cette semaine

Promesses de Bassirou Diomaye Faye, commémorations des 30 ans du génocide des Tutsi au Rwanda, nomination de Judith Suminwa Tuluka en RDC, enrôlement forcés de Camerounais au sein de l’armée russe et vague de chaleur en Afrique : notre Brief hebdomadaire sur les infos qu’il ne fallait pas manquer cette semaine.

Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, lors de la campagne présidentielle. © Photo by MARCO LONGARI / AFP

Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, lors de la campagne présidentielle. © Photo by MARCO LONGARI / AFP

Publié le 6 avril 2024 Lecture : 6 minutes.

Bienvenue dans cette nouvelle édition du Brief de Jeune Afrique. Une newsletter hebdomadaire (à laquelle vous pouvez vous inscrire ci-dessous) que nous avons lancée en octobre 2023. Elle se veut un concentré de l’expertise de la rédaction de JA sur les sujets politiques, économiques et culturels qui façonnent le présent – et le futur – du continent.

Le brief. Les clefs de l'actualité africaine dans votre boite mail

Chaque semaine, recevez les 5 infos de l'actualité africaine décryptées par nos journalistes.

Image

Que fallait-il retenir de l’actualité ? Cette semaine, nous vous proposons de revenir sur différents sujets…

la suite après cette publicité

• Notre décryptage vidéo de la crédibilité des promesses du duo Bassirou Diomaye Faye-Ousmane Sonko, désormais à la tête du Sénégal, qui entend mettre en place un programme de « rupture ».

• Un retour sur trois décennies de bataille pour la justice et l’Histoire à la veille des commémorations du génocide des Tutsi au Rwanda.

• Notre portrait en dix points de Judith Suminwa Tuluka, nouvelle Première ministre de la RDC.

• Les dessous de l’enrôlement forcés de Camerounais au sein de l’armée russe pour combattre en Ukraine.

la suite après cette publicité

• Les raisons de la vague de chaleur inédite qui a frappé le continent en mars, et les craintes que ce phénomène, qui semble s’accentuer, font naître dans la communauté scientifique.

la suite après cette publicité

Réappropriation. Sur les accords de pêche comme sur les contrats gaziers, le nouveau président du Sénégal a promis de renégocier les « deals » conclus par son prédécesseur. Sur ces deux fronts, Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko (le mentor du président, devenu Premier ministre), estiment que l’exploitation des richesses du pays ne profite pas assez aux populations. Au cœur du débat, notamment, le gisement gazier de Grand Tortue Ahmeyim, au large du Sénégal et de la Mauritanie, et les contrats signés avec BP, Kosmos et Woodside. Le nouvel exécutif bicéphal sénégalais a réclamé un audit complet.

Franc CFA. « On ne peut pas, soixante-trois ans après [l’indépendance], avoir peur d’adresser des questions qui nous concernent et qui sont un pan important de notre souveraineté, à savoir une souveraineté monétaire », a insisté Bassirou Diomaye Faye. Si la piste d’une sortie du franc CFA a un temps été évoquée, le président sénégalais semble désormais privilégier l’option d’une refonte du système au sein de la Cedeao.

« Révolution démocratique ». C’est l’un des termes qui reviennent le plus depuis l’annonce de la victoire du plus jeune président du Sénégal depuis l’indépendance du pays. Arrivé au pouvoir dans des circonstances pour le moins exceptionnelles, au terme d’une crise politique inédite, Bassirou Diomaye Faye a promis, outre de s’attaquer à la corruption et de garantir l’indépendance de la justice de son pays, de procéder à une refonte des institutions nationales. Un chantier d’autant plus complexe qu’il ne dispose pas de la majorité à l’Assemblée nationale.

Juger les génocidaires : 30 ans de bataille pour l’Histoire en infographies

Un Rwandais lors des commémorations du génocide des Tutsi au Rwanda, le 7 avril 2019, à Kigali. (illustration). © Photo by Yasuyoshi CHIBA / AFP

Un Rwandais lors des commémorations du génocide des Tutsi au Rwanda, le 7 avril 2019, à Kigali. (illustration). © Photo by Yasuyoshi CHIBA / AFP

Gacaca. Trois décennies après le génocide des Tutsi au Rwanda, justice a-t-elle été rendue ? Pour tenter de répondre à cette lancinante question, nous vous proposons un bilan en infographies de trente années de combat pour la justice et la vérité. Et sur ce front, les gacaca, tribunaux traditionnels populaires rwandais, ont joué un rôle central. « Pour la première fois, un pays a prouvé qu’il était possible de répondre à un crime de masse par une justice de masse », souligne Thierry Cruvellier, rédacteur en chef du média Justeinfo.net. Les gacaca ont jugé plus de deux millions d’affaires en une décennie d’existence.

TPIR. Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), créé par l’ONU en 1994 et dissous en 2015, a été la première juridiction internationale à avoir jugé, en Afrique, des crimes de génocide. S’il a permis de juger plusieurs dizaines de responsables, dont certains des principaux instigateurs et organisateurs des massacres, son bilan reste cependant mitigé. En vingt ans, seules 93 personnes ont été mises en accusation, pour un coût estimé à 2 milliards d’euros.

Justices occidentales. Au lendemain du génocide, de nombreux auteurs ou organisateurs présumés ont trouvé refuge en Occident. Des États-Unis à la France, en passant par la Belgique, les autorités des pays où se sont cachés les génocidaires présumés ont eu des postures pour le moins différentes. Si certains, États-Unis et Pays-Bas en tête, ont accepté d’extrader les suspects, d’autres, à l’instar de la France et de la Belgique, les ont jugés devant leurs propres juridictions, au nom de la compétence universelle.

Dix choses à savoir sur Judith Suminwa Tuluka, nouvelle Première ministre de la RDC

Judith Suminwa Tuluka, Première ministre de la RDC depuis le 1er avril 2024. © Montage JA – DR

Judith Suminwa Tuluka, Première ministre de la RDC depuis le 1er avril 2024. © Montage JA – DR

Première femme. Lors de la nomination de Judith Suminwa Tuluka au poste de Premier ministre, l’un des principaux éléments de langage utilisés par les autorités congolaises a été la « masculinité positive » du président, incarnée par sa décision de donner de telles fonctions à une femme pour la première fois depuis l’indépendance du pays.

Économiste confirmée. Cette discrète économiste de formation, 56 ans, est la fille d’un diplomate en poste à l’époque de Mobutu Sese Seko qui fut notamment ambassadeur du Zaïre au Tchad. Judith Suminwa Tuluka a notamment travaillé au sein de la cellule de coordination humanitaire du Pnud dans l’est de la RDC, elle a accompagné la structuration de plusieurs ONG.

Intime des Tshisekedi. La nouvelle Première ministre connaît le couple présidentiel depuis de longues années, apprend-on dans le portrait en dix points que lui consacre Jeune Afrique cette semaine. Son mari, Roger Tuluka – fils d’un riche homme d’affaires –, a fréquenté la même école primaire que Félix Tshisekedi à Kinshasa. Les deux couples se sont ensuite fréquentés dans les années 1990 en Belgique, où Judith a étudié et où l’ancien opposant a résidé à la même période.

En Russie, des Camerounais enrôlés de force dans l’armée

Des militaires sur un char T-80BV du 1429e régiment d'infanterie mécanisée de l'armée russe lors d'une mission de combat dans la zone de l'opération militaire spéciale de la Russie. © Alexei Konovalov/TASS/Sipa

Des militaires sur un char T-80BV du 1429e régiment d'infanterie mécanisée de l'armée russe lors d'une mission de combat dans la zone de l'opération militaire spéciale de la Russie. © Alexei Konovalov/TASS/Sipa

Soldat « de seconde zone ». La guerre menée par la Russie de Vladimir Poutine en Ukraine est coûteuse en vies humaines, notamment côté russe. Depuis le début de l’invasion, des dizaines de milliers de soldats et de supplétifs – en particulier des mercenaires de Wagner – ont été tués dans les combats. Et le Kremlin n’hésite pas à aller chercher des volontaires aux quatre coins de la planète. Ou à procéder à des recrutements forcés. Des soldats « de seconde zone » qui ont tendance à être utilisés comme de la chaire à canon.

Contraints et forcés. C’est le cas d’une dizaine de ressortissants camerounais, envoyés de force sur le front ukrainien en uniforme russe, selon les informations de Jeune Afrique. Interpellés, jugés, puis reconnus coupables de se trouver en situation irrégulière sur le territoire russe, ils ont eu le choix entre aller se battre sous la bannière russe, ou se voir expulser manu militari au Cameroun. Tous ont signé un « CDD » stipulant qu’ils « s’engageaient volontairement à accomplir le service militaire pendant la période définie par le présent contrat ». Si le contrat stipule qu’ils sont payés, sur le terrain, les choses sont plus compliquées.

Pourquoi l’Afrique a trop chaud, et pourquoi c’est inquiétant

Le mois de mars 2024 a vu les records de chaleur se répéter de manière inquiétante sur l'ensemble du continent africain (illustration). © Photo by AFP

Le mois de mars 2024 a vu les records de chaleur se répéter de manière inquiétante sur l'ensemble du continent africain (illustration). © Photo by AFP

Étouffant. Du Burkina Faso au Cameroun, en passant par l’Afrique du Sud, presque aucun pays ne semble épargné. Mars a été le mois de tous les records de chaleur. Le mercure a frôlé ou dépassé les 45 °C. Pis encore, la chaleur ne faiblit pas, même la nuit. À Kéniéba, dans le sud-ouest du Mali, au moment le plus frais de la nuit du 16 mars la température était de… 34,2 °C. Un minimum jamais enregistré dans cette ville.

En Afrique centrale, les mêmes records sont observés, avec un facteur aggravant : du fait du taux d’humidité ambiant, la chaleur ressentie est en moyenne de 10 °C supérieure à ce qu’indique le thermomètre. Difficiles à vivre, ces trop longues plages de chaleur ont aussi des conséquences sanitaires et économiques concrètes : les coupures d’électricité s’intensifient tant les réseaux sont mis à rude épreuve par la surconsommation d’énergie qu’engendrent ventilateurs et climatiseurs.

« Territoire inconnu ». Sur les réseaux sociaux, certains de nos lecteurs se sont amusés que nous nous inquiétions de ces vagues de chaleur sur le continent. Il fait chaud en Afrique. Certes. Sauf que ces records à répétition sont inédits et qu’ils ne cessent de se répéter. Le mois d’avril est d’ailleurs sur le point de connaître une situation identique. Conséquence directe du réchauffement climatique, le phénomène inquiète les spécialistes. Gavin Schmidt, directeur de l’Institut Goddard de la Nasa, a prévenu : si les températures ne se stabilisent pas d’ici au mois d’août, la planète plongera en « territoire inconnu ».

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires