Le « ZiG », monnaie inespérée au Zimbabwe pour lutter contre l’hyperinflation ?
Harare a annoncé vendredi 5 avril adopter une nouvelle monnaie pour remplacer l’actuel dollar zimbabwéen. Son but : stabiliser l’économie.
Le Zimbabwe connaît l’un des taux d’inflation les plus élevés au monde, officiellement à 55 % en mars après avoir atteint des taux à trois chiffres l’an dernier. Un épisode qui avait ravivé de mauvais souvenirs. En 2008, l’inflation hors de contrôle avait atteint un pourcentage de 231 millions de pour-cent : les prix augmentaient si vite que les étiquettes dans les rayons des magasins devaient être changées plusieurs fois par jour.
30 000 dollars zimbabwéens pour 1 dollar américain
« À compter d’aujourd’hui, les banques convertiront les soldes actuellement libellés en dollars zimbabwéens dans la nouvelle monnaie, baptisée « Or du Zimbabwe » (Zimbabwe Gold), ZiG », a déclaré vendredi lors d’une conférence de presse le gouverneur de la Banque centrale, John Mushayavanhu. Cette mesure vise à favoriser « la simplicité, la confiance et la prévisibilité » financière du Zimbabwe, a-t-il ajouté en présentant les nouveaux billets colorés qui se déclineront en huit coupures, allant de 1 à 200 ZiG. Les Zimbabwéens disposent de 21 jours pour échanger leurs anciens billets.
La monnaie locale a perdu près de 100 % de sa valeur par rapport au dollar américain au cours de l’année écoulée. Le dollar zimbabwéen s’échangeait vendredi à environ 30 000 pour 1 dollar américain, et à 40 000 sur le marché noir, selon l’observatoire Zim Price Check. L’économie du pays est plombée depuis une vingtaine d’années, marquée par des pénuries d’argent et de nourriture. Et les quelque 16 millions de Zimbabwéens sont en proie à une pauvreté généralisée et un chômage élevé.
Le pays avait un temps déjà abandonné le dollar zimbabwéen au profit du dollar américain, devenu alors monnaie officielle. La monnaie locale avait été relancée en 2019, mais la confiance n’est jamais vraiment revenue. Dans le pays, les prix des biens et des services sont fixés en dollars américains et la plupart des Zimbabwéens préfèrent être payés en billets verts. Ceux qui perçoivent leur salaire en monnaie locale se précipitent généralement dans les bureaux de change le jour de paie pour tenter de prendre de vitesse une prochaine dévaluation.
1,1 tonne d’or dans les coffres de la Banque centrale
Ces dernières années, le gouvernement a essayé en vain de stabiliser l’économie, en émettant notamment des pièces d’or censées enrayer l’engouement pour le dollar américain, accusé d’affaiblir la monnaie locale.
Jeudi, le président Emmerson Mnangagwa a inspecté les réserves de la Banque centrale dont les coffres contiennent, selon son gouverneur, 1,1 tonne d’or. L’institution conserve également d’autre ressources précieuses telles que des diamants, qui, en équivalent or, ajouteraient 0,4 tonne aux réserves, a ajouté John Mushayavanhu. « Il est évident que nous avons besoin de plus », a reconnu l’économiste Prosper Chitambara, rappelant que d’autres pays, comme l’Afrique du Sud voisine, disposent de réserves bien plus importantes. « Plus les réserves sont importantes, plus la confiance et la capacité à défendre sa monnaie contre les chocs sont grandes », a-t-il expliqué.
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Selon le spécialiste, le gouvernement doit arrêter de faire marcher la planche à billets pour juguler l’inflation. Il lui faut aussi réduire les dépenses publiques et mener des réformes. La production d’or au Zimbabwe est dominée par le secteur informel et le pays, isolé sur le plan diplomatique, s’efforce d’attirer les investissements étrangers.
(Avec AFP)
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