En Tunisie, les Chinois construiront le nouveau pont de Bizerte
C’est l’entreprise chinoise Sichuan Road and Bridge Group qui a été choisie pour réaliser la portion centrale du pont de Bizerte. Un chantier important, nouvelle preuve du rapprochement entre Tunis et Pékin.
C’est le mardi 26 mars 2024, au ministère de l’Équipement et de l’Habitat de Tunisie, qu’a été signé le contrat de concession portant sur la réalisation de la deuxième tranche du nouveau pont de Bizerte. La signature a eu lieu en présence de la ministre, du gouverneur de Bizerte, du groupe chinois Sichuan Road and Bridge Group (SRBG), ainsi que des représentants des principaux bailleurs de fonds et, selon un communiqué du gouvernorat de Bizerte, elle symbolise le début d’une nouvelle phase pour l’un des projets les plus ambitieux de la région.
Car la construction du nouveau pont de Bizerte est plus qu’un projet d’infrastructure : elle incarne une vision stratégique qui vise à faciliter la connexion entre l’autoroute A4 et la ville. Ce pont est prévu pour devenir un axe majeur de circulation, permettant de fluidifier le trafic et d’améliorer les échanges économiques et sociaux dans toute la région. Le pont principal, qui s’étend sur une longueur de 2,1 kilomètres, est destiné à surplomber le canal de Bizerte, facilitant ainsi le passage des navires. Cet ouvrage monumental s’inscrit dans une vision plus large de connectivité et d’amélioration de la mobilité urbaine et régionale.
La Chine étend son influence en Tunisie
La réalisation des première et deuxième tranches du projet a démarré en juillet 2022, avec l’implication significative d’entreprises de BTP tunisiennes. La première tranche concerne des travaux de liaison Sud et Ouest, impliquant la construction d’une route express de 4,7 kilomètres, équipée de trois échangeurs stratégiques. La troisième tranche vise à améliorer la liaison du Nord à travers une route express de 2,7 kilomètres, intégrant divers ouvrages d’art et échangeurs pour optimiser la circulation.
Le financement du projet, d’un coût total estimé à 750 millions de dinars, est assuré par une combinaison de crédits provenant de la Banque européenne d’investissement (BEI), de la Banque africaine de développement (BAD), ainsi que d’une contribution directe de l’État tunisien de 35 millions d’euros. Cette dynamique de soutien financier est cruciale pour l’avancement et la réussite du projet, prévu pour démarrer en avril 2024.
Quant à la sélection de la société chinoise Sichuan Road & Bridge pour la construction du viaduc principal du nouveau pont de Bizerte, elle n’a rien d’anodin et s’inscrit dans le cadre d’une continuité des relations sino-tunisiennes, notamment dans le secteur des infrastructures. La relation entre Pékin et Tunis ne se limite pas à cela. Elle s’étend également à d’autres projets d’envergure, comme celui du stade olympique d’El-Menzah, dont le ministère de la Jeunesse et des Sports a dit récemment envisager de confier le chantier de rénovation — lancé en 2022 mais dont la lenteur a provoqué la colère des autorités fin 2023 — à une entreprise chinoise.
Ces deux récents exemples, qui semblent témoigner d’une dynamique générale de rapprochement entre Tunis et Pékin, n’ont finalement rien de très étonnant. Historiquement orientée vers l’Europe et les États-Unis, la Tunisie se positionne désormais comme un acteur clé dans le cadre de l’initiative chinoise des « nouvelles routes de la soie », un projet auquel elle a décidé de s’associer dès 2018.
Sur le plan économique, cette collaboration a marqué des progrès notables, établissant la Chine comme un partenaire commercial de premier plan pour la Tunisie. Avec le temps, les échanges commerciaux entre les deux nations ont progressé de manière constante. En 2023, le volume de ces échanges a atteint des niveaux sans précédent, s’élevant à environ 763 millions de dollars rien que pour les quatre premiers mois de l’année, ce qui marque une augmentation impressionnante de 12,5 % par rapport à l’année antérieure. La Chine est désormais le quatrième partenaire commercial de la Tunisie, et le premier venu du continent asiatique. En 2022, Pékin s’est également positionné comme le deuxième fournisseur de la Tunisie et son quatrième client en Asie, ce qui met en lumière son rôle économique prépondérant dans la région.
Après le pont, le port ?
Et le volume des échanges pourrait encore croître de manière spectaculaire, puisqu’après le pont de Bizerte, un autre sujet fait beaucoup parler : celui du développement du port de la ville. Ce projet est au cœur des discussions stratégiques, notamment en raison de l’importance croissante des relations entre la Tunisie et la Chine, toujours dans le cadre de l’initiative des nouvelles routes de la soie. Bizerte, grâce à sa position stratégique, au croisement des routes maritimes entre l’Europe et l’Asie, présente un potentiel commercial d’envergure. Sa localisation au centre de la Méditerranée, proche du canal de Suez, de la mer Noire et de l’Atlantique, offre au port un avantage compétitif majeur.
En se plaçant au cœur des échanges commerciaux mondiaux, Bizerte pourrait faciliter le commerce entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie, devenant ainsi un point névralgique pour le commerce international. Le développement de ce port représente une opportunité pour la Tunisie d’attirer des investissements étrangers, de dynamiser le commerce international et de créer des emplois, tout en renforçant sa position économique mondiale. Ce projet contribuerait également à diversifier l’économie du pays, en mettant l’accent sur le transport maritime, la logistique et la distribution.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- La Côte d’Ivoire, plus gros importateur de vin d’Afrique et cible des producteurs ...
- Au Maroc, l’UM6P se voit déjà en MIT
- Aérien : pourquoi se déplacer en Afrique coûte-t-il si cher ?
- Côte d’Ivoire : pour booster ses réseaux de transports, Abidjan a un plan
- La stratégie de Teyliom pour redessiner Abidjan