Ousmane Sonko rate sa rupture féministe

Dans la nouvelle équipe dont la composition a été annoncée dans la soirée du 5 avril, des membres du Pastef, deux généraux, mais peu de femmes.

© Damien Glez

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Publié le 8 avril 2024 Lecture : 2 minutes.

Certes, étymologiquement, le terme de rupture, constamment accolé au nom du président sénégalais et à celui de son mentor, n’implique pas systématiquement une notion de modernité. Mais, à l’annonce de la composition du gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko, ce 5 avril, certains s’attendaient tout de même à une plus grande représentation de la gent féminine. L’équipe ne compte que quatre femmes sur trente personnes.

Yassine Fall, Maïmouna Dieye, Fatou Diouf et Khady Diène Gueye sont respectivement ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, ministre de la Famille et des Solidarités, ministre des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires, et enfin ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture. Les deux prédécesseurs d’Ousmane Sonko à la tête du gouvernement, Sidiki Kaba et Amadou Ba, avaient promu chacun sept femmes au sein de leurs équipes.

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Les partisans des comptes d’apothicaire expliqueront que les effectifs se sont resserrés, dans leur globalité. Pourtant, même au regard des proportions, les ministres ou secrétaires d’État de sexe féminin ne représentent plus que 13 % environ de la nouvelle équipe, contre 18 % précédemment.

Moins de femmes et plus de militaires

S’il est vrai qu’au Sénégal, la représentativité des femmes dans les structures politiques n’a pas autant progressé qu’au Rwanda ou en Afrique du Sud, le pays de la Teranga compte tout de même 73 femmes parlementaires pour 165 sièges, soit un taux de 44 % que ne reflète pas du tout le quatuor de ministres de sexe féminin.

Le pouvoir va-t-il alors s’arc-bouter sur l’argument de la compétence, dans un pays où Mame Madior Boye a pourtant occupé le poste de Première ministre ? La compétence des treillis, elle, semble avoir été prise en compte, les généraux Birame Diop, ancien chef d’état-major, et Jean-Baptiste Tine occupant respectivement les ministères des Forces armées, pour l’un, et de l’Intérieur et de la Sécurité publique, pour l’autre.

Pas de quoi affoler les chancelleries qui ont la phobie des rangers ouest-africaines. De même que le pouvoir de Bassirou Diomaye Faye est assis sur une légitimité démocratique incontestée, le discours sénégalais de rééquilibrage des partenariats diffuse un ton bien moins clivant que celui des juntes de l’Alliance des États du Sahel (AES).

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À la sauce Pastef

Dans la composition de ce gouvernement, les observateurs notent également la présence d’un procureur, de plusieurs experts et universitaires, ainsi que d’un nombre important de cadres des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). Environ la moitié de l’équipe est issue de ses rangs.

Pour le reste, chacun attend de voir posés les premiers actes du nouveau régime, avant de juger sur pièce. Et c’est au pas de course que le pouvoir sénégalais semble avancer.

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