L’enquête avance dans l’affaire Chebeya
L’autopsie du corps de Floribert Chebeya n’exclut pas la thèse d’une mort par violence. Le chef de la police de Kinshasa, soupçonné d’avoir cherché à « brouiller les pistes », a été placé en résidence surveillée.
Mis à jour le 12 juin à 17 h 18
Le chef de la police de Kinshasa a été placé en résidence surveillée pour avoir "brouillé" les pistes au début de l’enquête sur la mort du militant congolais des droits de l’homme Floribert Chebeya, a-t-on appris samedi 12 juin de source proche de l’enquête. L’usage de la violence n’est pas exclu dans sa mort, mais la cause du décès n’est pas encore établie avec certitude, selon des résultats partiels de l’autopsie réalisée par des Néerlandais. "Des recherches complémentaires seront effectuées de façon approfondie dans plusieurs instituts aux Pays-Bas" pour connaître les causes de la mort de Chebeya, sur la base de prélèvements effectués vendredi 11 juin à Kinshasa par l’équipe de médecins légistes néerlandais assistée par un expert médico-légal congolais, précise un communiqué de l’ambassade. Les résultats définitifs de cette autopsie seront connus "d’ici trois à cinq semaines", souligne l’ambassade. "L’équipe néerlandaise a quitté Kinshasa ce (vendredi) soir", ajoute le texte.
Le 2 juin, le jour où M. Chebeya a été découvert mort à l’arrière de sa voiture, mains liées dans le dos, pantalon et sous-vêtement baissés aux genoux, le général Jean de Dieu Oleko, inspecteur provincial de la police de Kinshasa, avait pourtant déclaré que la victime était "apparemment sans trace visible de violence". Le général Oleko a eu "tendance à brouiller les pistes", a indiqué à l’AFP la source proche de l’enquête.
Montage "grossier"
Peu après la découverte du corps de M. Chebeya, des sources policières avaient précisé que des préservatifs avaient été retrouvés dans la voiture, ainsi que des mèches de cheveux de femme. Des ONG locales des droits de l’homme avaient immédiatement dénoncé un "montage grossier" en évoquant un "assassinat ignoble". Un militant de l’ONG la Voix des Sans-voix (VSV), que présidait M. Chebeya, avait pu voir son corps à la morgue et constaté qu’il y avait "du sang sur la bouche, le nez et les oreilles, et un gonflement au niveau du front et du cou". "Nous sommes convaincus et sûrs que l’enquête va aboutir à cela : Floribert Chebeya a été torturé dans les locaux de la police et il en est mort", a affirmé vendredi un porte-parole des ONG congolaises, Me André-Marie Kayembe.
Dans le cadre de l’enquête, l’inspecteur général de la police, le général John Numbi, a été suspendu à titre conservatoire, comme d’autres officiers de police, dont ni le nombre, ni les grades n’ont été précisés jusque-là.
Martyr
Floribert Chebeya et son chauffeur, dont le corps n’a pas été retrouvé, ont disparu le 1er juin après s’être rendus à l’inspection générale de la police. Le président de la VSV y avait un rendez-vous, qui n’a pas eu lieu, avec le général Numbi.
M. Chebeya, considéré désormais par les ONG locales de droits de l’homme comme "un martyr", sera inhumé le 30 juin pour lui "rendre hommage" au cours de cette journée "sacrée", qui marque aussi la commémoration du Cinquantenaire de l’indépendance de l’ex-Congo belge, a ajouté Me Kayembe. Ce jour-là, un grand défilé officiel est prévu à Kinshasa, auquel doivent assister le président Joseph Kabila et le roi des Belges Albert II.
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