L’ONU sanctionne à nouveau Téhéran
Le Conseil de sécurité de l’ONU alourdit le train de sanctions qui s’abat sur l’Iran depuis 2006. Une décision prise à la quasi-unanimité.
Comme prévu, le Conseil de sécurité de l’ONU a infligé mercredi des sanctions à l’Iran, pour la 4e fois depuis 2006, pour tenter de le convaincre de suspendre ses activités nucléaires sensibles et rassurer la communauté internationale sur la nature pacifique de son programme. Le Conseil a adopté dans ce but la résolution 1929, rédigée par les Etats-Unis et co-parrainée par l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, par 12 voix contre 2 et une abstention. Le Brésil et la Turquie ont voté contre, le Liban s’est abstenu.
Le texte reprend et élargit le champ des sanctions déjà adoptées à trois reprises par le Conseil en décembre 2006, mars 2007 et mars 2008. L’Iran est soupçonné de chercher à se doter de l’arme nucléaire sous couvert d’un programme civil, ce qu’il dément. La résolution prévoit notamment que l’Iran ne pourra investir à l’étranger dans certaines activités sensibles comme les mines d’uranium et que ses navires pourront être inspectés en haute mer. Ces inspections n’étaient jusqu’ici autorisées qu’à quai. Elle interdit la vente à l’Iran de huit nouveaux types d’armements lourds, notamment des chars. Et s’accompagne de trois annexes contenant des listes de particuliers, d’entités et de banques de nationalité iranienne qui s’ajouteront à ceux qui sont déjà frappés de sanctions individuelles – gel des avoirs financiers et interdiction de voyager à l’étranger.
Mesures « inefficaces », selon Poutine
Les annexes ne contiennent qu’un nom de particulier, Javad Rahiqi, chef du Centre de technologie nucléaire d’Ispahan de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (AEOI), mais 40 noms d’entités et banques. Parmi elles, 22 sont considérées comme associées aux activités nucléaires et balistiques de l’Iran, 15 sont contrôlées par ou associées au corps des Gardiens de la révolution islamique (IRGC) et 3 sont contrôlées par la compagnie maritime de la république iranienne (IRISL).
Certains ont d’ores et déjà mis en doute l’efficacité de ces nouvelles sanctions. Ils soulignent que les inspections des navires iraniens en haute mer sont rendues possibles mais pas obligatoires car elles dépendront de l’accord de l’Etat du pavillon du navire. De même, relèvent-ils, les huit types d’armements lourds interdits à la vente à l’Iran n’incluent pas les missiles anti-aériens S-300 russes.
Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, estime d’ailleurs que les sanctions sont "inefficaces" pour résoudre les crises nucléaires, malgré le ralliement de Moscou à la résolution. "Vous connaissez un seul exemple de sanctions efficaces ? (…) Dans l’ensemble, elles sont inefficaces", a déclaré M. Poutine dans une interview à l’AFP réalisée lundi à Sotchi (Russie). Malgré cela, l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Susan Rice, a affirmé mardi que les nouvelles sanctions auraient "un impact réel sur l’Iran". "C’est une résolution forte et à large spectre qui aura un impact réel et significatif sur l’Iran", a-t-elle dit. Mercredi après le vote, Mme Rice a estimé que le Conseil s’était "montré à la hauteur de ses responsabilités". "Maintenant, l’Iran doit choisir une voie plus judicieuse", a-t-elle ajouté.
Manœuvre de diversion
Plusieurs pays avaient tenté d’éviter l’adoption de ces sanctions. La Turquie et le Brésil avaient conclu à la mi-mai un accord avec l’Iran prévoyant l’échange en Turquie de 1.200 kilos d’uranium iranien faiblement enrichi (3,5%) contre 120 kilos de combustible enrichi à 20% fourni par les grandes puissances et destiné au réacteur de recherche nucléaire à finalité médicale de Téhéran.
Mais cette proposition a été accueillie froidement par les grandes puissances, qui y ont vu une manœuvre de diversion, notamment parce que l’Iran avait dit son intention de continuer à enrichir de l’uranium à 20% même si l’accord était accepté.
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