L’Afrique du Sud sous haute sécurité

Les dangers sont nombreux : terrorisme, délinquance, hooliganisme… À la veille du Mondial, Pretoria redouble de vigilance pour que rien ne vienne troubler la grande fête du football.

Des policiers sud-africains devant le stade de Pretoria, le 7 juin 2010. © AFP

Des policiers sud-africains devant le stade de Pretoria, le 7 juin 2010. © AFP

Publié le 9 juin 2010 Lecture : 3 minutes.

Des milliers d’hommes en armes, des hélicoptères, des démineurs, des caméras de surveillance : l’Afrique du Sud n’a rien laissé au hasard pour éviter que criminels, terroristes ou hooligans ne viennent gâcher l’ouverture du Mondial, vendredi à Johannesburg.

"Toutes les mesures ont été prises pour assurer le bon déroulement de la cérémonie et du premier match", a assuré à l’AFP la porte-parole de la police, Sally de Beer. Avec une audience annoncée de trois milliards de téléspectateurs, le moindre faux pas serait catastrophique pour le pays hôte, qui aimerait tant faire oublier ses 50 homicides par jour. Même si une première petite alerte a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi, quand des hommes armés se sont introduits dans la résidence de luxe de journalistes portugais et espagnols pour dérober argent et matériel en pointant un pistolet sur la tête de ceux qui se sont réveillés.

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Afin de décourager les délinquants, la police joue la carte de la présence en masse. Au total, 44 000 personnes ont été recrutées pour l’occasion, ce qui porte à plus de 180 000 ses effectifs. Vendredi, des milliers d’agents patrouilleront à pied et à cheval aux abords de Soccer City à Johannesburg, où le match Afrique du Sud-Mexique débutera à 16h00 locale (14h00 GMT). Des milliers d’autres seront positionnés près du stade Green Point, au Cap (sud-ouest), où la France affrontera l’Uruguay à 20h30 (18h30 GMT).

Cible de choix

Si, malgré tout, des pickpockets laissent leurs mains se balader, des cellules ont été construites dans les stades et des tribunaux spéciaux permettront de les juger rapidement. À Soccer City, des policiers seront affectés à la protection des VIP (plus de 40 chefs d’Etat, les ministres sud-africains, les 35 plus hauts responsables de la Fifa, les équipes et les arbitres) qui ont parfois leurs propres gardes du corps. La présence de ce gotha rehausse le risque terroriste, d’ordinaire peu élevé en Afrique du Sud.

L’attaque meurtrière contre l’équipe du Togo juste avant l’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) en janvier en Angola, a rappelé que les grands événements sportifs étaient des cibles de choix. En mai, un responsable irakien a relancé le débat en assurant qu’un Saoudien arrêté dans le pays projetait des attentats contre le Mondial, des déclarations démenties par Al-Qaïda.

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Plus spécifiquement, l’Afrique du Sud, où les relations raciales restent compliquées 16 ans après la chute de l’apartheid, pourrait être exposée à une menace de l’extrême-droite blanche. Plusieurs individus ont été arrêtés en avril, alors qu’ils envisageaient d’attaquer des townships noirs. "Il y a un débat sur une possible menace terroriste, mais pour l’instant nous n’avons rien vu de tangible", souligne Johan Berger de l’Institut d’études de sécurité (ISS). "Rien n’indique que la cérémonie ou le match d’ouverture seront visés."

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Des militaires sud-africains surveillent les abords du stade de Green Point au Cap, le 3 décembre 2009.

L’écueil du hooliganisme

L’Afrique du Sud a tout de même restreint l’espace aérien au-dessus des stades et les forces armées sont prêtes à intervenir. Des démineurs, des hélicoptères et la coopération d’Interpol complètent le dispositif. Autre danger: les hooligans. Des Britanniques interdits de matches ont été bloqués alors qu’ils tentaient de s’infiltrer en Afrique du Sud, via Dubaï. Et dix hooligans argentins ont été refoulés le week-end dernier. Le Jour-J, des policiers venus de 27 des pays sélectionnés seront dans les stades pour reconnaître "leurs" hooligans et repérer les comportements à risque, selon Mme de Beer.

Dernier écueil à éviter : les mouvements de foule, comme l’a rappelé une bousculade survenue dimanche en marge d’un match amical entre le Nigeria et la Corée du Nord, qui a fait seize blessés. En 2001, 43 personnes avaient été tuées dans une bousculade au stade voisin de l’Ellis Park à Johannesburg, également hôte du Mondial. Depuis, les forces de l’ordre ont été formées au contrôle des foules par des gendarmes français et équipés de canons à eau. "Le gouvernement et la police ont fait tout ce qui était humainement possible", en conclut l’analyste Johan Berger.

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