Quand Trump se prend pour le « Mandela des temps modernes »
Cerné par les procédures judiciaires, le candidat républicain à la prochaine présidentielle américaine s’est une nouvelle fois comparé à feu l’ancien président sud-africain Nelson Mandela.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 10 avril 2024 Lecture : 2 minutes.
« Si ce charlatan, complètement partisan, veut me mettre en taule pour avoir dit la vérité la plus évidente, je deviendrai volontiers un Nelson Mandela des temps modernes – cela serait un grand honneur ! » La déclaration émane du candidat à la présidentielle américaine de novembre, Donald Trump. Samedi, sur son réseau Truth Social, il traitait de « charlatan » Juan Merchan, qui lui a récemment imposé des restrictions de parole que le républicain qualifie de « viol de la loi et de la Constitution ». Le magistrat intervient dans la procédure judiciaire qui étudie le rôle présumé de l’ancien dirigeant américain dans des paiements secrets versés à l’actrice de films pornographiques Stormy Daniels.
Que vient donc faire le pauvre Madiba dans la galère politico-judiciaire d’un Trump généralement peu au fait des questions africaines ? Le candidat américain est inculpé dans quatre affaires pénales qui pourraient, chacune, conduire à des réquisitions de privation de liberté. D’où l’auto-comparaison avec celui qui passa vingt-sept années de sa vie derrière les barreaux de Robben Island. Une nouvelle fois, la victimisation est outrancière, si l’on considère la faible probabilité que telle ou telle procédure judiciaire conduise le milliardaire en prison…
L’ami des Proud Boys…
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump se compare à Nelson Mandela. En octobre dernier, dans le New Hampshire, l’ancien chef de l’État avait affirmé : « Cela ne me dérange pas d’être Nelson Mandela. »
Une comparaison qui fait grincer des dents quand on sait que Madiba a lutté contre un système de ségrégation raciale et que le républicain entretient des rapports plus qu’ambigus avec les suprémacistes blancs des États-Unis, notamment avec l’organisation néofasciste Proud Boys et le commentateur politique Nick Fuentes, qualifié de « suprémaciste blanc » par l’ONG Anti-Defamation League.
… Et de Jésus
Outrée, l’équipe du chef de l’État Joe Biden – l’adversaire de Donald Trump à la présidentielle du 5 novembre – a noté que le candidat républicain avait aussi récemment republié un faux croquis d’audience où on le voit assis à côté de Jésus-Christ.
Dans un communiqué, une porte-parole des démocrates, Jasmine Harris, se montre cinglante : « Imaginez être si égocentrique que vous vous comparez à Jésus-Christ et à Nelson Mandela en l’espace d’un peu plus d’une semaine. »
Dans des affaires qui concernent aussi la tentative d’inversion des résultats de la présidentielle de 2020 ou la gestion négligente de documents classifiés de la Maison Blanche, rien ne paraît excessif à Donald Trump. Ni se comparer à un héros du continent africain ni invoquer l’auréole du Messie de deux milliards de chrétiens. Il va lui être difficile de trouver de plus prestigieuses références. Sinon Dieu lui-même…
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