Retrait de la nationalité pour les hommes mariés à une Israélienne
La Haute cour administrative a rendu un jugement réclamant au gouvernement de déchoir de leur nationalité les Égyptiens mariés à une Israélienne et leurs enfants. Cette décision n’est pas susceptible d’appel.
La Haute cour administrative a confirmé samedi un jugement dépossédant de leur nationalité les Egyptiens mariés à une Israélienne, dans un dossier qui illustre la sensibilité du sujet en Egypte malgré la paix signée avec Israël il y a plus de trente ans.
Le juge Mohammed al-Husseini a jugé que le ministère de l’Intérieur devait demander au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour déchoir de leur nationalité les Egyptiens mariés à une Israélienne ainsi que leurs enfants.
L’appel du gouvernement rejeté
L’arrêt de la Haute cour n’est pas susceptible d’appel.
Le juge a indiqué que la décision ne s’applique pas aux Egyptiens mariés à des Arabes israéliennes.
"Le cas d’hommes (égyptiens) mariés à des Arabes israéliennes est différent de celui de ceux mariés à des Israéliennes d’origine juive car (les Arabes israéliens) vivent sous occupation israélienne", a dit M. Husseini devant la Cour.
"La décision de la Cour tient compte de la sécurité nationale de l’Egypte", a-t-il souligné.
L’an dernier, un tribunal de première instance avait demandé au ministère de l’Intérieur d’examiner le cas d’un Egyptien marié à une Israélienne, et de leurs enfants, afin de "prendre les dispositions nécessaires pour les déchoir de leur nationalité".
Les ministères égyptiens de l’Intérieur et des Affaires étrangères avaient fait appel de ce jugement, arguant du fait que ce genre de décision relevait du Parlement.
Les enfants exclus du service militaire
Me Nabil al-Wahsh, l’avocat qui a porté l’affaire devant le tribunal, avait fait valoir que "la loi sur la nationalité égyptienne met en garde contre tout mariage avec une personne considérée comme sioniste".
Il ne faut pas permettre la naissance d’une génération "qui ne soit pas loyale à l’Egypte et au monde arabe", a-t-il déclaré. Les enfants de ces mariages mixtes "ne doivent pas être autorisés à faire leur service militaire", selon lui.
Il a également affirmé que les autorités égyptiennes avaient refusé de fournir le nombre exact d’Egyptiens mariés à des Israéliennes, estimant leur nombre pour sa part aux alentours de 30.000. "La majorité sont mariés à des Israéliennes considérées comme sionistes, et seulement 10% ont épousé une Arabe israélienne", a-t-il ajouté.
"La décision de la Cour profite à l’Egypte, une nation de leadership, d’histoire et de civilisation", a poursuivi Me Wahsh estimant que "c’est pour la protection de l’Egypte et de la jeunesse égyptienne ainsi que sa sécurité nationale".
"La décision survient alors qu’Israël poursuit son assaut sur ceux qui aiment la paix. Le dernier exemple est l’agression contre le bateau d’aide en route pour la bande de Gaza sous blocus", a-t-il dit.
Lundi, des commandos de marine israéliens ont mené une attaque meurtrière contre une flottille transportant des centaines de militants pro-palestiniens et des tonnes d’aide pour la bande de Gaza, qui a fait neuf morts civils.
Des milliers d’Egyptiens, en particulier ceux qui vivaient en Irak et avaient dû quitter le pays lors de la guerre du Golfe de 1990, sont partis trouver du travail en Israël, où ils se sont souvent mariés.
L’Egypte a été, en 1979, le premier pays arabe à signer la paix avec l’Etat hébreu. La question des relations avec Israël reste toutefois toujours très polémique au sein de la société égyptienne.
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