Mort de Floribert Chebeya : les États-Unis veulent une supervision internationale de l’enquête

Le corps du président de l’ONG « La Voix des sans voix » (VSV), retrouvé mercredi, présente des traces de sang et un gonflement au niveau du cou et du front d’après un militant de l’organisation qui a pu le voir à la morgue de Kinshasa. Les Etats-Unis ont réclamé une enquête « indépendante » « sous la supervision de l’ONU » sur les causes de son décès.

Le président de VSV, Floribert Chebeya, le 7 avril 2005 à Bruxelles. © AFP

Le président de VSV, Floribert Chebeya, le 7 avril 2005 à Bruxelles. © AFP

Publié le 5 juin 2010 Lecture : 3 minutes.

Les Etats-Unis, l’ONU, l’Union européenne, des ONG: les appels se sont multipliés pour réclamer à la République démocratique du Congo une enquête "indépendante", deux jours après la mort dans des circonstances troubles d’un militant des droits humains à Kinshasa.

Président de l’ONG la Voix des sans-voix (VSV), Floribert Chebeya, 47 ans, l’un des plus respectés militants des droits de l’Homme en RDC, a été retrouvé mort mercredi matin à l’arrière de sa voiture sur une route de la capitale. Selon la police, il avait les mains liées derrière le dos, le pantalon et le sous-vêtement rabaissés sur les genoux.

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Son chauffeur qui l’avait conduit à un rendez-vous à l’inspection générale de la police mardi en fin de journée, selon la VSV, est toujours porté disparu depuis, a indiqué à l’AFP la police.

L’ONU évoque la "vraisemblable" "participation" du gouvernement

Vendredi, le rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires de l’ONU, Philip Alston, a estimé "vraisemblable" la "participation" du gouvernement congolais dans la mort de Floribert Chebeya. "Il n’y a pas de raison de penser que ce sera une véritable enquête", a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis ont réclamé vendredi "une enquête et une autopsie immédiates et indépendantes, sous la supervision de l’ONU, afin de déterminer les causes du décès" de M. Chebeya.

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Les USA "sont profondément inquiets de l’assassinat apparent" de ce dernier et de la disparition de son chauffeur, a indiqué le porte-parole du département d’Etat, Philip Crowley.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a aussi demandé aux autorités congolaises "de mettre en oeuvre une enquête impartiale et transparente".

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Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait déjà formulé la même requête jeudi, et l’ONU s’est déclarée prête, si la RDC le demande, à apporter son soutien à cette enquête.

Jusque-là, le gouvernement de la RDC, par la voix de son ministre de l’Intérieur, Adolphe Lumanu, a déclaré jeudi avoir "ordonné à tous les services de sécurité et de renseignement de mener, sans désemparer, des enquêtes, en vue de déterminer les circonstances exactes" de la mort de M. Chebeya.

Comme les ONG locales, qui ont évoqué un "assassinat ignoble", les organisations Human Rights Watch, Global Witness, Amnesty international ou Protection International (PI) ont réclamé une enquête "impartiale", "crédible et transparente", "sans interférence politique".

PI demande aux missions de l’ONU (Monuc) et de police de l’UE (Eupol) en RDC "d’assister (…) les services de police et les services judiciaires dans les tâches policières et judiciaires qui incombent aux autorités congolaises".

La version de la police remise en cause par VSV

Une aide qui pourrait être utile, car du point de vue technique et scientifique notamment, la police congolaise n’a "pas les capacités de mener à bien" des investigations, relève un enquêteur sous couvert d’anonymat.

"Il n’y a qu’un seul médecin légiste en RDC, âgé de près de 80 ans. Il n’y a pas de laboratoire pour exploiter les indices et preuves qui auraient été relevés sur la scène de crime", ajoute cette source.

Depuis la découverte du corps de M. Chebeya, "c’est comme s’ils ne font pas d’enquête", regrette un militant de la VSV.

Des ONG se sont inquiétées des premières déclarations de la police qui avait assuré mercredi que le cadavre de M. Chebeya était "apparemment sans trace visible de violence".

Or jeudi, un militant de la VSV qui a pu voir partiellement le corps à la morgue de Kinshasa, où il s’est rendu avec deux membres de la section des droits de l’Homme et un policier de la Monuc, a déclaré à l’AFP avoir relevé "du sang sur la bouche, le nez et les oreilles (de la victime), et un gonflement au niveau du front et du cou".

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