Gbagbo et son « différend fondamental » avec la France
Le président ivoirien Laurent Gbagbo a expliqué qu’il ne se rendrait pas en France avant que Paris et Abidjan n’aient discuté de leur « différend fondamental » lié au putsch manqué de 2002 contre son régime, dans une interview diffusée dimanche sur RFI.
M. Gbagbo fait partie des absents du 25e sommet Afrique-France lundi et mardi à Nice (sud de la France).
"Il n’y a pas de raison pour que j’aille en France tant qu’on n’a pas discuté du différend qui oppose, qui continue d’opposer l’Etat français et l’Etat de Côte d’Ivoire", a-t-il déclaré.
"On discute d’abord, et après je pourrai faire un déplacement"
"Je ne trouve pas que ce soit une bonne solution d’aller au sommet de Nice pour discuter d’un différend que j’estime fondamental. Il faut qu’on discute d’abord, et après je pourrai faire un déplacement", a-t-il indiqué.
Ce "différend" est dû à "l’implication de l’Etat français à travers les personnes de (l’ex-président) Jacques Chirac et de (son ancien ministre des Affaires étrangères) Dominique de Villepin dans la tentative de renversement de mon régime" en 2002, a-t-il expliqué.
"Si (les Français) veulent que j’envoie un émissaire, je peux envoyer un émissaire, mais (il faut) qu’on discute", a insisté M. Gbagbo.
Il a toutefois précisé qu’il n’avait pas de problème avec le président Nicolas Sarkozy, au pouvoir depuis 2007. "Chaque fois qu’on se rencontre, on se salue, on cause", a-t-il dit, reconnaissant qu’aujourd’hui la France "(le) traite bien".
Les relations entre la Côte d’Ivoire et l’ex-puissance coloniale sont délicates depuis le coup d’Etat manqué d’une rébellion contre M. Gbagbo en septembre 2002. Abidjan a toujours reproché à Paris de ne pas l’avoir soutenu à cette époque contre les "assaillants".
Les tensions ont atteint leur paroxysme en novembre 2004, avec un bombardement meurtrier de l’aviation ivoirienne sur un camp militaire français à Bouaké (centre) et des affrontements sanglants entre l’armée française et des manifestants ivoiriens à Abidjan.
L’élection de Nicolas Sarkozy a entraîné une détente, mais la France insiste fortement sur la nécessité d’un scrutin présidentiel, sans cesse reporté depuis la fin du mandat de Laurent Gbagbo en 2005 et censé clore la crise ivoirienne.
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