Guerre Israël-Hamas : trois fils d’Ismaïl Haniyeh tués par Tsahal
Le chef de l’organisation islamiste a dit que celle-ci ne fléchirait pas dans les négociations pour une trêve, après qu’une frappe israélienne dans la ville de Gaza a tué trois de ses fils et quatre de ses petits-enfants.
Le chef du Hamas soutient que la mort de trois de ses fils dans une frappe israélienne n’infléchira pas la position du mouvement islamiste dans les pourparlers pour une trêve à Gaza, où les raids aériens se poursuivent ce 11 avril après six mois de guerre. L’organisation islamiste a annoncé la veille que trois fils et quatre petits-enfants d’Ismaïl Haniyeh ont péri dans une frappe survenue dans le camp de réfugiés de Chati, dans la ville de Gaza (nord), où la famille rendait visite à des proches au premier jour des célébrations de l’Aïd al-Fitr marquant la fin du mois sacré musulman du ramadan.
« Je remercie Dieu pour l’honneur que nous fait le martyre de mes trois fils et de certains de mes petits-enfants », a déclaré Haniyeh, qui réside à Doha, à la chaîne qatarie Al Jazeera. « L’ennemi a visé une voiture à bord de laquelle ils se trouvaient. »
L’armée israélienne a confirmé avoir tué dans une frappe aérienne les trois fils de Haniyeh, qualifiés d’« agents militaires de l’organisation terroriste Hamas », qui intervient alors que les médiateurs qatari, égyptien et américain attendent la réponse du mouvement islamiste palestinien à leur proposition de trêve avec Israël, associée à une libération d’otages retenus à Gaza.
« L’ennemi pense pouvoir briser la volonté de notre peuple et pousser les dirigeants à faire des concessions […] Il peut rêver ! Ce sang versé nous rendra encore plus fermes », a ajouté Haniyeh. « Nos exigences sont claires et nous n’y renoncerons pas. Si l’ennemi croit que cibler mes fils au plus fort des négociations et avant que le Hamas ne donne sa réponse, poussera le mouvement à changer de position, il se trompe », a-t-il souligné.
Élu chef du bureau politique du Hamas en 2017, Ismaïl Haniyeh vit entre le Qatar et la Turquie. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lui a présenté le 10 avril ses condoléances, et le président iranien, Ebrahim Raïssi, et le n°2 du Hezbollah libanais, Naïm Qassem, l’ont contacté pour lui présenter aussi leurs condoléances, a indiqué le mouvement islamiste palestinien.
Menaces de l’Iran
En parallèle, l’Iran « menace de lancer une attaque importante contre Israël », a déclaré à Washington le président américain Joe Biden. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a affirmé le 10 avril qu’Israël sera « puni » pour une attaque meurtrière contre le consulat iranien à Damas le 1er avril. Signe des tensions ces derniers jours, la compagnie aérienne allemande Lufthansa a annoncé le même jour la suspension de ses vols de et vers Téhéran, probablement jusqu’à jeudi, « à cause de la situation actuelle au Moyen-Orient ».
« Comme je l’ai dit au Premier ministre [Benyamin] Netanyahou, notre engagement pour la sécurité d’Israël, face à ces menaces de l’Iran et de ses alliés, est inébranlable », a déclaré Biden. « Je répète : inébranlable. Nous ferons tout ce que nous pouvons pour protéger la sécurité d’Israël », a-t-il poursuivi en exhortant le Hamas, allié de Téhéran, à « avancer » sur l’offre de trêve à Gaza.
La proposition des médiateurs prévoit une trêve de six semaines, la libération de 42 otages retenus à Gaza en échange de 800 à 900 Palestiniens incarcérés par Israël, l’entrée de 400 à 500 camions d’aides chaque jour à Gaza et le retour chez eux des habitants du nord de Gaza, selon une source du Hamas.
Le Hamas a répété la semaine dernière ses exigences pour tout accord : un cessez-le-feu définitif, le retrait israélien de Gaza, une augmentation importante des aides humanitaires, un retour des déplacés et un accord « sérieux » d’échange d’otages et de prisonniers palestiniens.
Plus de 33 000 morts à Gaza
Malgré les appels à un cessez-le-feu, des frappes israéliennes se sont poursuivies tôt le 11 avril dans la bande de Gaza, notamment dans le sud du territoire, ont indiqué des témoins. Israël a juré de « détruire » le Hamas après l’attaque sans précédent menée le 7-Octobre par des commandos du mouvement palestinien infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a coûté la vie à 1 170 personnes, en majorité des civils et mené à l’enlèvement de plus de 250 personnes, dont 129 restent détenues à Gaza, incluant 34 morts, selon les données israéliennes.
L’offensive israélienne a fait jusqu’à présent 33 482 morts, principalement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, organisation considérée comme « terroriste » par Israël, les États-Unis et l’Union européenne et au pouvoir depuis juin 2007 à Gaza.
Objectif 500 camions d’aide humanitaire par jour
Dans le territoire palestinien dévasté, au milieu des ruines ou dans leurs abris, de nombreux Palestiniens ont prié, autour de petits gâteaux préparés malgré les pénuries, à l’occasion de l’Aïd al-Fitr. Sous pression de nombreuses capitales pour laisser entrer plus d’aide dans le territoire palestinien, Israël a augmenté les entrées de camion d’aide humanitaire à Gaza.
« Le mois dernier, la moyenne quotidienne était de 213 et avant cela de 170 », a déclaré mercredi le ministre de la Défense Yoav Gallant. Il a dit que l’objectif était d’atteindre sous peu une moyenne de 500 par jour grâce entre autres à l’acheminement de l’aide, qui transite principalement pour l’instant par l’Égypte, au port israélien d’Ashdod et la mise sur pied d’un nouveau passage terrestre vers Gaza.
Pour Ahmed Qishta, un père de quatre enfants, réfugié à Rafah, à la pointe sud du territoire, ces mesures ne changent rien pour l’instant. « Nous n’avons jamais vécu un Aïd comme celui-ci, plein de tristesse, de peur, de destruction et de dévastation », dit-il.
Sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem, troisième lieu saint de l’islam, les fidèles avaient en tête la guerre à Gaza, à l’instar de Rawan Abd, une infirmière de 32 ans pour qui « c’est l’Aïd le plus triste que nous ayons vécu ».
(avec AFP)
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