L’UFC met Olympio à la porte

Le principal parti d’opposition reproche à son dirigeant d’avoir composé avec le gouvernement en négociant la nomination de plusieurs membres de l’UFC à des portefeuilles ministériels, et dénonce des « initiatives personnelles ».

Le leader de l’opposition togolaise Gilchrist Olympio, le 13 janvier 2008 à Lomé. © AFP

Le leader de l’opposition togolaise Gilchrist Olympio, le 13 janvier 2008 à Lomé. © AFP

Publié le 29 mai 2010 Lecture : 3 minutes.

Le principal parti d’opposition togolais Union des forces de changement (UFC) a exclu temporairement son président Gilchrist Olympio vendredi après qu’il eut signé un accord avec le pouvoir sur l’entrée de sa formation au gouvernement. La mesure est intervenue quelques heures après la publication d’un décret présidentiel confirmant la nomination de sept membres de l’UFC à des postes de ministres dans le nouveau gouvernement, une première depuis la création de l’UFC en 1992. Selon ce décret, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Elliott Ohin, est issu de l’UFC.

Le parti d’opposition est officiellement arrivé en deuxième position à l’élection présidentielle du 4 mars remportée par le président sortant Faure Gnassingbé, du Rassemblement du peuple togolais (RPT). "Le bureau national décide d’exclure temporairement de l’UFC, avec effet immédiat, monsieur Gilchrist Olympio et tous ceux qui prennent part à l’aventure du RPT", selon une déclaration de ce bureau remise à l’AFP.

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Gilchrist Olympio, qui dirige l’UFC depuis sa création, avait annoncé jeudi avoir "signé le 26 mai, au nom de l’UFC, un accord politique pour une participation à un gouvernement de redressement national, dans un esprit de partage du pouvoir avec le Rassemblement du peuple togolais". Le Premier ministre Gilbert Fossoun Houngbo avait été chargé, après la victoire de M. Gnassingbé, d’engager des discussions avec l’ensemble de la classe politique pour la formation d’un nouveau gouvernement de "large ouverture politique".

"Historique"

Le bureau national de l’UFC dénonce "des initiatives personnelles" et souligne dans sa déclaration que l’accord annoncé par M. Olympio "n’a reçu aucune caution du bureau national et n’engage nullement l’UFC". Le texte est signé par Jean-Pierre Fabre, secrétaire général du parti et candidat de l’UFC au scrutin du 4 mars. Avec d’autres cadres du parti, ce dernier n’a eu de cesse de dénoncer la victoire de M. Gnassingbé, affirmant être le véritable vainqueur de l’élection.

L’annonce de l’entrée de membres de l’UFC au gouvernement avait été immédiatement décrite comme une étape historique de la vie politique togolaise. M. Olympio ne prend pas lui-même de portefeuille ministériel, selon le décret présidentiel, mais son ouverture à l’égard du parti au pouvoir est symboliquement très forte car sa famille et celle de l’actuel président s’opposent depuis des décennies. Gilchrist Olympio est le fils de Sylvanus Olympio, qui fut le premier président du Togo après l’indépendance de la France en 1960. Ce dernier fut assassiné en 1963 au cours d’un coup d’Etat ourdi par Gnassingbé Eyadema, au pouvoir pendant 38 ans (1967-2005). Un seul membre de l’UFC, Amah Gnassingbé, a pris part à un gouvernement, en 2008, mais ce fut à "titre personnel".

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La discorde au sein du parti était palpable ces derniers temps. Ainsi, mi-avril, M. Olympio avait été chassé à coups de pierres par des jeunes surexcités lors d’une manifestation hebdomadaire de l’UFC contre les résultats du scrutin présidentiel. Ils n’auraient pas souhaité qu’il se mêle à la foule, la police étant affectée à sa protection.

Le deuxième parti d’opposition togolais, le Comité d’action pour le renouveau (CAR), arrivé en troisième position à la présidentielle, a pour sa part refusé d’entrer dans le nouveau gouvernement. Le cabinet, dominé par le RPT, comporte 31 ministres contre 27 précédemment. Quatorze personnalités, dont certaines issues de la société civile, y ont fait leur entrée et dix anciens ministres ont été remerciés.

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Outre le portefeuille des Affaires étrangères, l’UFC a également récupéré ceux de la Communication; de l’Enseignement supérieur et de la Recherche; de l’Industrie, de la Zone Franche et des Innovations technologiques notamment.

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