Une figure de l’opposition réclame l’annulation du scrutin
Hailu Shawl, le président du parti de l’unité pan-éthiopien et doyen de la vie politique, a annoncé mercredi qu’il rejetait les résultats des législatives de dimanche et qu’il demandait l’organisation d’un nouveau scrutin. L’oppositon et les observateurs internationaux ont critiqué la transparence du scrutin, dont la répartition géographique des résultats « ne semble pas réelle » d’après Hailu Shawl.
Le président d’un important parti de l’opposition, et doyen de la vie politique en Ethiopie, M. Hailu Shawl, a annoncé mercredi qu’il rejetait les résultats des législatives de dimanche et qu’il demandait l’organisation d’un nouveau scrutin.
"Le AEUP (parti de l’unité pan-éthiopien) a décidé de ne pas accepter le résultat des élections, vu que le processus électoral, comme le jour de l’élection elle-même, n’ont pas été libres et équitables", a déclaré M. Hailu au cours d’une conférence de presse à Addis Abeba. "Nos observateurs ont été chassés de la plupart des bureaux de vote du pays et ils n’ont pas pu observer le processus", a-t-il affirmé.
"Nous avons demandé au NEBE (Bureau national des élections) de conduire une nouvelle élection nationale et régionale des représentants du peuple le plus vite possible", a-t-il ajouté.
Le Bureau national des élections a annoncé lundi soir une écrasante victoire de la coalition au pouvoir depuis 1991 en Ethiopie, l’EPRDF, y compris dans les bastions de l’opposition à Addis Abeba ou dans la région de l’Oromo. Mais l’opposition comme les observateurs européens ont critiqué la transparence du scrutin et l’inéquité de la campagne électorale.
La répression de 2005 dans tous les esprits
"Regardez les résultats, il ne semblent pas réels. Nous allons attendre de voir ce que le Bureau a à dire et nous déciderons quelle voie prendre", a déclaré M. Hailu, ajoutant que "le recours en justice était une option" même si, selon lui, "les tribunaux ne sont pas indépendants" en Ethiopie.
"Nous n’allons pas appeler nos partisans à manifester", contrairement au précédent scrutin de 2005, "nous leur avons dit d’être patients", a ajouté M. Hailu, un doyen de la politique éthiopienne, âgé de 73 ans.
M. Hailu a été le président de la Coalition pour l’unité et la démocratie (CUD), le rassemblement de l’opposition qui s’était présentée en 2005 contre le parti au pouvoir du Premier ministre Meles Zenawi, et qui avait recueilli les meilleurs scores de son histoire sans détrôner pour autant l’EPRDF.
L’opposition avait alors déjà contesté le décompte des résultats du scrutin, et ses critiques avaient été relayées par la mission d’observation de l’UE. La répression par les forces de l’ordre des manifestations avaient ensuite fait environ 200 morts, selon le rapport d’une commission parlementaire.
Emprisonnés et condamnés à de lourdes peines de prison, les dirigeants de l’opposition ont été graciés en 2007 et libérés, mais ils n’ont pas réussi à s’entendre. M. Hailu a créé son propre parti et n’a pas souhaité rejoindre la nouvelle coalition de l’opposition, le Forum pour la démocratie et le Dialogue (Medrek). Le Medrek devrait de son côté s’exprimer mercredi dans la journée sur les résultats des élections de dimanche, de même que les observateurs mandatés par l’Union Africaine.
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