Le Mali réduit les acteurs politiques au silence
Critiquée pour le non-respect du chronogramme de la transition, la junte malienne invoque des défis sécuritaires afin de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, les activités des partis politiques et associations assimilées.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 12 avril 2024 Lecture : 1 minute.
La ficelle est connue : qui veut noyer son chien l’accuse de la rage, et qui veut faire taire son opposition politique l’accuse de « subversion ». C’est le terme employé, ce 10 avril au soir, par le ministre malien de l’Administration territoriale, le colonel Abdoulaye Maïga, lors de la lecture d’un décret adopté le jour même en conseil des ministres.
À l’occasion d’un point de presse, le porte-parole du gouvernement a restitué strictement aux journalistes les mots du colonel Assimi Goïta, qui a décidé de suspendre « jusqu’à nouvel ordre, pour raisons d’ordre public, les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations sur toute l’étendue du territoire national ».
En plus du caractère présumé « subversif » de ses interventions, la classe politique malienne mènerait « des débats stériles » incompatibles avec un climat de sérénité.
Période de transition à durée indéterminée
Et le porte-parole de la junte de justifier ce bâillonnement, bien entendu, par des raisons sécuritaires. Comme il est inenvisageable, à ses yeux, d’évoquer des contre-performances ou des dérives dans la lutte contre le terrorisme, le colonel Maïga, dans son décret, a tenu à rappeler la reprise de la ville de Kidal, en novembre 2023, ainsi que d’autres localités. Un tableau de chasse qui ne sonnerait pas pour autant la fin d’un combat à consolider avec, donc, le sacrifice supplémentaire de quelques libertés d’expression.
L’emploi d’une méthode de type Patriot Act suppose pourtant une durée courte et déterminée. Le 18 août marquera le quatrième anniversaire du coup d’État du colonel Goïta. Un quadriennat qui semble dépasser une période d’exception temporaire.
Officiellement, la période de transition a pris fin le 26 mars. C’est d’ailleurs cette date qui a poussé les partis muselés à sortir du bois. Début avril, plus de 80 partis et organisations ont réclamé l’organisation « dans les meilleurs délais » d’une élection présidentielle et la fin de la transition dirigée par les militaires.
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