Libye, Angola et Ouganda élus au Conseil des droits de l’homme, contre l’avis des ONG

Malgré l’opposition des organisations de défense des droits de l’homme, la Libye, l’Angola et l’Ouganda ont été élus, faute de concurrents, au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Les critiques des ONG se sont concentrées sur la Jamahiriya lybienne, « l’une des plus brutales et des plus anciennes tyrannies » au monde, selon elles.

Mouammar Kaddafi devant l’Assemblée générale de l’ONU, en septembre 2009. © AFP

Mouammar Kaddafi devant l’Assemblée générale de l’ONU, en septembre 2009. © AFP

Publié le 14 mai 2010 Lecture : 3 minutes.

La Libye a été élue, jeudi, au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, malgré les efforts de nombreuses ONG qui la jugent indigne d’y siéger.

Un groupe de 37 organisations de défense des droits de l’homme a adressé, jeudi matin, aux 192 États membres de l’ONU un appel de dernière minute pour qu’ils ne donnent pas à la Libye de siège au Conseil, principal organe de l’ONU pour les droits de l’homme basé à Genève.

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« Des élections sans compétition »

Cet appel est resté sans écho et la Jamahiriya libyenne du bouillant colonel Mouammar Kadhafi a recueilli 155 voix à l’Assemblée générale des Nations unies, largement plus que la majorité absolue (97) nécessaire pour être élu, lors d’un vote à bulletins secrets.

La Libye et 13 autres États concouraient, sans opposition, à 14 sièges à pourvoir au Conseil.

Les ONG avaient critiqué le fait que cette année, pour la première fois, chaque groupe régional de l’ONU a présenté un nombre de candidats égal à celui des sièges à pourvoir, assurant leur élection sans contestation.

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« Des élections sans compétition n’ont aucun sens », avaient-elles affirmé, dénonçant la cooptation par les groupes régionaux de plusieurs pays dont elles contestent le bilan en matière de droits de l’homme, comme l’Angola, la Libye, la Malaisie, l’Ouganda et la Thaïlande.

« La place de Kadhafi est en prison »

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Mais dans leur appel de jeudi, les ONG ont concentré leurs attaques sur la Libye.

Le régime de M. Kadhafi est « une des plus brutales et des plus anciennes tyrannies », faisant de la Libye « une des sociétés les plus répressives au monde », où « la liberté d’expression, les partis politiques et les médias libres sont interdits », ont-elles averti.

« La place du colonel Kadhafi est en prison, pas au sein du plus important organe de l’ONU en matière de droits de l’homme », ajoutaient-elles.

Les ONG rappelaient également « les dommages durables » causés par l’élection en 2003 de la Libye à la présidence de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, prédécesseur du Conseil, et exprimaient la crainte que « l’histoire se répète ».

Le Conseil a été créé en 2006, dans le cadre d’une réforme de l’ONU, pour remplacer la Commission, discréditée car des pays au bilan peu reluisant en la matière pouvaient y siéger.

Or, le Conseil est régulièrement accusé de ne pas agir sur les dossiers de pays connus pour leurs violations des droits de l’homme comme le Soudan, tout en consacrant l’essentiel de son temps à critiquer Israël, reproche qui était déjà fait à la Commission.

Le Conseil compte 47 États membres, élus pour trois ans. L’effectif est renouvelable par tiers tous les ans.

Dans le groupe Afrique, outre celui de la Libye, les trois autres sièges à pourvoir ont été obtenus par l’Angola (170 voix), la Mauritanie (167) et l’Ouganda (164).

Dans le groupe Asie, le retrait en avril de la candidature de l’Iran, salué par les organisations de droits de l’homme, a laissé la Malaisie, les Maldives, le Qatar et la Thaïlande être élus aux quatre sièges à pourvoir.

Pour l’Amérique latine, l’Équateur et le Guatemala ont été élus aux deux sièges disponibles, tout comme l’Espagne et la Suisse pour l’Europe occidentale, et la Moldavie et la Pologne pour l’Europe de l’est.

Les résultats ont été annoncés par le président de l’Assemblée générale, le Libyen Ali Triki.

L’ambassadrice des États-Unis, Susan Rice, dont le pays a rejoint le Conseil des droits de l’homme l’an dernier après l’avoir snobé au temps de l’administration Bush, s’est voulue philosophe. « Nous savions que c’est un organe qui n’a pas accompli tout son potentiel et qui reste imparfait », a-t-elle dit.

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